Permis de rouler pour les auto-écoles, après deux mois d’arrêt. (Photo: Theis)

Permis de rouler pour les auto-écoles, après deux mois d’arrêt. (Photo: Theis)

Les auto-écoles auraient préféré plus de temps entre la reprise des leçons et des examens. Elles doivent rapidement former leurs candidats au permis de conduire après deux mois de pause, tout en mettant en place les mesures nécessaires à leur sécurité sanitaire. Pour l’instant, cela ne semble pas jouer sur les taux de réussite.

Avant de retrouver les salles de classe, certains élèves ont repris le volant depuis le 11 mai.

Dans le respect de règles d’hygiène strictes: masque obligatoire pour le moniteur et l’apprenti conducteur, aération et désinfection complète de la voiture entre chaque passage, port de gants et installation de housses en plastique sur les sièges dans certaines entreprises…

«Nous utilisons 20 litres de désinfectant par semaine», témoigne Mike Hirtz, secrétaire à l’auto-école Dan à Mamer. En plus du volant, de la portière, de la boîte de vitesses, il faut aussi nettoyer les casques de moto, les clés, etc.

Volant, portière, boîte de vitesses… tout est désinfecté entre chaque passage. (Photo: Theis)

Volant, portière, boîte de vitesses… tout est désinfecté entre chaque passage. (Photo: Theis)

Son téléphone n’a pas arrêté de sonner depuis le 11 mai: «Nous avons beaucoup de demandes pour passer le permis. 25 à 30 personnes la semaine dernière, contre une dizaine en temps normal», calcule-t-il. Le gouvernement a annoncé la mardi 12 mai.

Seulement huit élèves de l’auto-école Dan ont pu le passer la semaine dernière. Malgré les deux mois d’arrêt, sept d’entre eux l’ont obtenu. «Nous avons sélectionné les meilleurs et ceux qui ont le plus l’habitude grâce à la conduite accompagnée», justifie-t-il.

Les cours théoriques reprennent plus lentement. Les capacités d’accueil ont été divisées par deux pour respecter les distances de sécurité. L’établissement n’accepte que dix élèves au maximum dans la salle. En tout, il compte cinq moniteurs pour une centaine de clients.

L’entreprise a survécu aux deux mois sans chiffre d’affaires grâce aux différentes aides de l’État. Elle s’inquiète en revanche des frais, comme la TVA, à venir, qui vont «de 30.000 à 40.000 euros», selon Mike Hirtz.

Excès de vitesse pour la reprise

Les moteurs tournent de nouveau également à l’auto-école Toni. Elle emploie trois moniteurs pour 70 à 90 élèves.

«Nous reprenons là où nous nous étions arrêtés», explique son gérant, Toni Fernandes. Les deux mois de pause ne semblent pas avoir affecté le niveau de ses élèves. «Cela aurait été plus compliqué pour des personnes qui n’auraient eu que deux ou trois leçons avant le confinement.» Un scénario plus probable en septembre qu’en mars.

Toni Fernandes regrette cependant: «La reprise a été organisée à la va-vite pour nous, par rapport à d’autres métiers. Nous avons été prévenus le jeudi que nous pourrions recommencer les leçons le lundi suivant.» Pour préparer au mieux ses élèves, il a demandé à la Société nationale de circulation automobile (SNCA) une semaine de délai avant ses premiers examens.

Ici aussi, pour apprendre le Code de la route, une chaise sur deux a été enlevée. «Avant, nous pouvions accueillir entre 15 et 20 élèves en même temps.»

Les deux mois sans chiffre d’affaires ont été difficiles. «Les aides sont arrivées tard. Heureusement que nous avions du capital de côté. S’il n’y a pas de seconde période de confinement, nous arriverons à nous redresser.» Sans donner en détail ses charges fixes, Toni Fernandes précise qu’entre les loyers et la location des voitures, elles vont de 8.000 à 10.000 euros par auto-école en moyenne.

Taux de réussite stable

La route du retour semble un peu plus longue pour les auto-écoles Theis. Leur propriétaire, José Goncalves, se plaint lui aussi d’une information trop tardive de la part du gouvernement. «Nous avons téléphoné à tous nos élèves pour les avertir, la moitié d’entre eux n’étaient pas joignables.» Conséquence, des trous dans l’agenda et des journées avec six heures de conduite par moniteur au lieu de huit. Seize moniteurs travaillent dans les quatre centres Theis. José Goncalves espère retrouver un planning plus régulier à partir de la semaine prochaine.

Pour le permis, il n’a pas eu le choix et a dû envoyer certains élèves à l’examen dès le mercredi 13 mai. «Tous avaient eu une pause de huit semaines, c’est difficile. Il aurait fallu commencer par une reprise des leçons dans un premier temps, puis du permis la semaine suivante», estime-t-il. Il a donc choisi ses meilleurs élèves et a privilégié leur préparation lundi et mardi. «Les résultats n’ont pas été si mauvais», constate-t-il avec soulagement. Leur taux de réussite se situe entre 65 et 70%, le même qu’en temps normal.

Pendant le confinement, il a mis en place des leçons théoriques en visioconférence. Avec un nombre de places réduit de moitié dans les salles de code, un quart des élèves choisissent toujours cette option aujourd’hui. Les cours en ligne n’ont pas suffi à couvrir les pertes de l’auto-école, qui affirme ne pas avoir reçu d’aides, à part le chômage partiel.

Reste à savoir si les résultats au permis d’un point de vue national, après deux mois de pause, seront aussi bons qu’en temps normal. La SNCA a déjà fait passer, la semaine dernière, 248 examens en quatre jours. Il est encore trop tôt pour obtenir des taux de réussite selon elle.