L’annulation de la reprise économique de la zone euro au troisième trimestre pourrait impacter encore davantage les conditions macroéconomiques au dernier trimestre de l’année. (Photo: Shutterstock)

L’annulation de la reprise économique de la zone euro au troisième trimestre pourrait impacter encore davantage les conditions macroéconomiques au dernier trimestre de l’année. (Photo: Shutterstock)

L’inflation en persistante croissance, combinée à une récession à peine larvée, empêche les consommateurs de profiter de l’été et les entreprises d’offrir pleinement leurs services. Une situation qui s’inscrit dans la perspective d’un dilemme au niveau de la politique monétaire de la zone euro.

Dans un article d’opinion diffusé ce 7 juillet aux investisseurs professionnels, Carsten Brzeski, global head of macro chez ING Research, indique que les annulations en série en ce début d’été annoncent une douche froide quant aux espoirs de reprise économique en Europe. «Le chaos qui règne dans nos aéroports est peut-être une analogie avec ce qui nous attend: les annulations se multiplient, les frustrations s’accentuent et les déceptions augmentent», observe-t-il.

Dans les récentes multiples annulations de vols et de trains, Carsten Brzeski perçoit un manque de travailleurs qualifiés. Une situation qui démontrerait une mauvaise préparation de l’industrie pour la saison estivale. Mais ce n’est pas tout. D’une part, l’inflation élevée et persistante provoque des annulations de la part des consommateurs et, d’autre part, de nouveaux investissements et des commandes industrielles sont annulés. «En conséquence, la reprise économique tant attendue a été annulée.»

Si les secteurs des loisirs et des services pâtissent de la surchauffe inflationniste de début d’été, le global head of macro d’ING Research anticipe également un climat macroéconomique négatif pour l’automne et l’hiver prochains. En effet, aucun des facteurs de risque actuel ne devrait disparaître à court terme. «Cela continuera à exercer une pression supplémentaire sur les prix de l’énergie et des matières premières, ainsi que sur le sentiment économique.»

La crainte d’une crise de l’euro

La situation n’est pas près de s’arranger et les solutions pour y remédier peinent encore à émerger. «Avec une récession imminente et une inflation obstinément élevée, la Banque centrale européenne (BCE) est confrontée à de multiples dilemmes, notamment celui de l’ampleur de sa première hausse des taux d’intérêt le 21 juillet.» De la sorte, les gouverneurs de la BCE font écho à la politique monétaire adoptée par la Réserve fédérale américaine (Fed), qui a récemment relevé ses taux directeurs de 25 points de base. Malheureusement, Carsten Brzeski craint qu’avec un euro se rapprochant dangereusement d’une parité avec le dollar, «il y ait un fort risque que les propres projections macroéconomiques de la BCE en septembre indiquent au moins une économie stagnante en 2023». Ce qui, selon l’analyse, pourrait contraindre les responsables de la BCE à accélérer les prochaines hausses des taux.

De cette analyse, Carsten Brzeski constate que la BCE se retrouve actuellement face à un dilemme. Il faudrait éviter que la lutte contre l’inflation et le relèvement des taux d’intérêt ne déstabilise les écarts de rendement des obligations, risquant alors de provoquer une nouvelle crise de l’euro. Cependant, l’analyste estime que «les facteurs économiques de la zone euro plaident contre un retour de la crise de l’euro». De plus, les gouvernements ont bénéficié de la longue période des taux d’intérêt bas pour renouveler la dette et réduire en même temps la charge d’intérêt. Sans oublier que l’instabilité économique résulte seulement d’un choc externe.

Le global head of macro d’ING research conclut finalement que «sans union fiscale et politique, la zone euro sera toujours vulnérable, mais, au final, c’est toujours le politique et non l’économie qui décidera du destin de l’union monétaire».