La moyenne mensuelle sur 12 mois s’établit à 108 faillites, soit un niveau similaire à celui d’avant-crise. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

La moyenne mensuelle sur 12 mois s’établit à 108 faillites, soit un niveau similaire à celui d’avant-crise. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Avec de nombreux indicateurs au vert, la reprise économique en V se confirme au Luxembourg, même s’il faut rester prudent face à l’évolution de la pandémie.

Les débats autour de la forme de la reprise économique . Du K au U en passant par le V ou encore le L et même la racine carrée. Finalement, la reprise de l’économie semble dessiner un V.

1.765 demandes de chômage partiel ont été validées par le comité de conjoncture en juillet, soit une baisse de 52% par rapport au mois de juin. Ce nombre est même au plus bas depuis . Actuellement, il concerne 17.144 équivalents temps pleins contre 27.030 le mois précédent.

Le «Tableau de bord» de la Fondation Idea, avec sa vingtaine d’indicateurs économiques, montre une reprise économique en V. Sur les trois derniers mois, les estimations de tous les secteurs (hors secteur financier) sont à la hausse et les soldes d’opinion sont en positif.

«La plupart des indicateurs économiques montrent une reprise, permise notamment grâce à la levée des restrictions sanitaires à la fin du printemps dernier et à l’évolution de la vaccination», a souligné Vincent Hein, économiste du think tank de la Chambre de commerce.

Cela peut aussi se constater avec les derniers chiffres de la croissance. Au 1er trimestre, le PIB luxembourgeois a augmenté de 1,4% par rapport au trimestre précédent. Par rapport au 1er trimestre 2020, il est même en hausse de 4,9%. À noter que le Statec table sur une croissance du PIB de 6% dans un scénario central pour cette année et 3,5% en 2022. Dans un scénario haut, la croissance du PIB atteindra 7,7% et 4,8% dans un scénario bas.

Autre indicateur marquant une reprise en V, celui de la mobilité. Tous les types de déplacements (loisirs, alimentation et travail) sont au plus haut depuis le début de la crise sanitaire. Si la mobilité domicile-travail reste inférieure de 8% par rapport à son niveau d’avant-crise, on constate clairement une augmentation de la courbe, preuve d’une sortie progressive du télétravail.

Des menaces persistent

La grande incertitude tourne autour des faillites. Au niveau des chiffres, 135 faillites ont été recensées en juin dernier, soit une baisse de 18,6% par rapport au mois précédent. La moyenne mensuelle sur 12 mois s’établit à 108 faillites; soit un niveau similaire à celui d’avant-crise. «Il sera important de suivre cet indicateur sur les prochains mois», a souligné Narimène Dahmani, économiste à la Fondation Idea.

Elle ose la question «et si la vague de faillites n’arrivait pas?». «Avant la crise, il y avait déjà des entreprises en difficulté qui ont gardé la tête hors de l’eau avec les aides. Il faut aussi comprendre qu’une faillite n’est pas forcément un élément très négatif dans la mesure où c’est un processus d’assainissement de l’économie. C’est même, en quelque sorte, une destruction créatrice. Il y a aussi des entreprises qui étaient viables avant la crise, mais qui auront des problèmes de trésorerie et de liquidité si les aides venaient à être coupées subitement. Donc, il semble important de ne pas débrancher d’un coup les aides aux entreprises pour éviter une vague de faillites», a-t-elle expliqué.

Les autres défis à venir sont nombreux, comme la nécessité de faire revenir dans la consommation une partie des 1,7 milliard d’euros épargnés par la population. L’inflation et la hausse des prix de l’énergie seront à surveiller, la forte demande créant des contraintes sur les approvisionnements en matières premières, la soutenabilité de la dette ou encore les indicateurs plus sociaux comme les décrochages éducatifs et les difficultés de recrutement. 

Mais au-delà des indicateurs économiques, la plus grande incertitude reste la situation pandémique et l’éventualité d’une 4e vague. «Elle n’a pas nécessairement été incluse dans nos prévisions», préviennent les économistes.