Frédéric Rollin: «Les deux grands obstacles de l’année 2020 ayant été enjambés en une petite semaine, les marchés actions ont pris feu.» (Photo: Maison Moderne)

Frédéric Rollin: «Les deux grands obstacles de l’année 2020 ayant été enjambés en une petite semaine, les marchés actions ont pris feu.» (Photo: Maison Moderne)

Élections américaines, avancées sur les vaccins, le mois de novembre est riche en rebondissements. L’autorité sanitaire américaine devrait effectivement approuver un vaccin d’ici au début de l’année prochaine. Les vaccins de technologie ARN, pour l’instant les meilleurs candidats, peuvent en outre être produits rapidement, en grande quantité. Une vaccination de masse devrait donc commencer bientôt.

Ces perspectives sont étayées par les données provisoires récemment dévoilées par Pfizer et BioNTech, qui ont largement dépassé les attentes. Au total, onze vaccins sont aujourd’hui en phase III, c’est-à-dire en test à grande échelle sur les humains, et il est loin d’être impossible que d’autres nouvelles encourageantes apparaissent dans les prochaines semaines.

L’immunité devrait donc se renforcer au cours du printemps et en été, et il faut prévoir un rebond énergique de l’activité dans les secteurs déprimés par le virus. La faiblesse actuelle devrait ainsi laisser place à une croissance beaucoup plus forte au printemps 2020. Les confinements européens auront probablement pris fin, la météo sera plus clémente et un vaccin sera disponible à grande échelle. La production mondiale devrait alors progressivement retrouver sa tendance de long terme.

Les élections américaines ont aussi agité les marchés. Le résultat, élection de Joe Biden et Sénat républicain, est considéré comme le meilleur des mondes par les investisseurs. Une politique internationale plus prévisible et plus calme, selon la méthode alors mise en place par Barack Obama et Joe Biden, et pas de hausse significative des taxes pour les entreprises, car un Sénat républicain ne le permettra pas. Bien sûr, le plan fiscal massif tant espéré n’aura pas lieu.

Chaque mesure sera négociée au millimètre. Mais le plan précédent a été très généreux. Les ménages américains ont accumulé de grandes quantités d’épargne, et cette épargne devrait se transformer en consommation si les espoirs de fin de pandémie se précisent.

Les taux resteront donc bas pour encore longtemps et les investissements fournissant du rendement seront privilégiés.
Frédéric Rollin

Frédéric RollinBanque Pictet & Cie

Les deux grands obstacles de l’année 2020 ayant été enjambés en une petite semaine, les marchés actions ont pris feu.

Les valeurs cycliques remontent naturellement. Mais attention, une deuxième vague déferle aujourd’hui sur les États-Unis et l’Europe, et les gouvernements ont rétabli des confinements partiels. Les deux prochains trimestres, seront donc moroses, tant au point de vue économique que sanitaire. Les bourses devraient donc rester volatiles, d’autant que les positions spéculatives à l’achat sont élevées.

Parmi les valeurs cycliques, les matières premières devraient mieux se comporter. Non seulement elles bénéficieront à terme de la reprise des économies de l’Europe et des États-Unis, mais elles s’appuient déjà sur le dynamisme de l’économie chinoise, qui ne devrait pas faiblir cet hiver. Ne l’oublions pas, la Chine est de loin le plus gros consommateur de matières premières.

Dans ce secteur, nous affectionnons particulièrement la filière bois, soutenue par le développement progressif des pays émergents et qui ralentit la raréfaction des terres boisées. De plus, les indicateurs de l’immobilier américain se révèlent excellents depuis plusieurs mois. Et dans ce pays, la plupart des maisons sont en bois.

Les banques centrales resteront de leur côté accommodantes. Compte tenu du niveau de l’emploi mondial, il y a fort à parier que l’inflation ne remonte guère. Et, nous l’avons appris pendant la crise sanitaire, la Réserve fédérale est prête à laisser filer l’inflation quelque temps avant de resserrer sa politique monétaire. Les taux resteront donc bas pour encore longtemps et les investissements fournissant du rendement seront privilégiés.

Les actions européennes devraient tirer leur épingle du jeu. Elles offrent en effet un rendement des dividendes de l’ordre de 3%, dont bénéficie chaque année la trésorerie de l’investisseur.
Frédéric Rollin

Frédéric RollinBanque Pictet & Cie

Les obligations émergentes sont à cet égard attrayantes. Elles offrent des rendements très supérieurs à celles des obligations des pays développés. Les pays d’Amérique latine, qui composent l’essentiel de ce marché, bénéficient de la force de l’économie chinoise. Le premier pays d’exportation du Brésil est la Chine. Et le rebond probable des économies développées au deuxième trimestre 2021 renforce l’argumentation.

Mais qu’en est-il du long terme? Les actions européennes devraient tirer leur épingle du jeu. Elles offrent en effet un rendement des dividendes de l’ordre de 3%, dont bénéficie chaque année la trésorerie de l’investisseur. Et si l’économie mondiale revient sur ses traces, la hausse de la production des entre-prises européennes devrait s’établir à des niveaux légèrement supérieurs à 4%, poussant les cours de bourse. Les investisseurs, prudents, en sont conscients et se positionneront à l’achat en cas de consolidation du marché.

Enfin, si les valeurs technologiques sont aujourd’hui plus onéreuses que d’ordinaire, leurs perspectives de croissance apparaissent très supérieures à celles du marché. Pour les investisseurs prêts à supporter de la volatilité, elles demeurent donc un investissement de choix.