Mathieu Savary s’attend à ce que «la croissance européenne continue de surprendre à la hausse en 2023».  (Photo: BCA/Allen McInnis)

Mathieu Savary s’attend à ce que «la croissance européenne continue de surprendre à la hausse en 2023».  (Photo: BCA/Allen McInnis)

Selon Mathieu Savary, l’actuelle «reprise des actifs européens ne fait que commencer». Le stratège en chef de BCA Research European Investment Strategy estime que les actifs européens auront une marge de progression importante durant les prochains trimestres, ce qui devrait permettre d’obtenir une surperformance par rapport aux actions mondiales. 

«Les actions européennes et l’euro ont connu une période exceptionnelle de surperformance depuis octobre 2022 tout en conservant une valorisation attrayante», constate Mathieu Savary, stratège en chef de BCA Research European Investment Strategy.

Depuis octobre 2022, l’EUR/USD s’est apprécié de 10%. La performance des actions européennes reflète celle de la monnaie: l’indice MSCI de la zone euro a bondi de 20%, «soit plus que tout autre grand marché dans le monde». Depuis le début de l’année, les actions de la zone euro ont progressé de 5%. Si on se réfère à l’indice MSCI de la zone euro en USD, la progression est de 32%. «Cette performance est en contradiction avec les 15 dernières années de dépréciation de l’euro et de sous-performance des actions européennes. Il n’est donc pas étonnant qu’un nombre croissant d’investisseurs se demandent si les 16 dernières semaines marquent la fin de la faiblesse structurelle des actifs européens.»

S’il analyse ce rebond plus comme «un rallye de couverture à court terme plutôt qu’une période d’euphorie», il estime que «le contexte économique européen suggère qu’il existe une plus grande marge de manœuvre pour réévaluer les actifs européens à la hausse au cours de l’année 2023».

Le contexte économique européen suggère qu’il existe une plus grande marge de manœuvre pour réévaluer les actifs européens à la hausse au cours de l’année 2023.
Mathieu Savary

Mathieu Savarystratège en chefBCA Research

Il s’attend cependant à ce que les actifs européens «doivent digérer l’accélération de leur récente envolée» et s’attend, dans les prochaines semaines, à une période de correction qui «n’arrêtera pas la tendance haussière des actions européennes et de l’euro qui a débuté au troisième trimestre de 2022». L’Euro Stoxx 50 devrait corriger vers 3.700 et l’EUR/USD vers 1,03. «Comme ces mouvements ne sont qu’un creux dans une tendance haussière plus large, les investisseurs ayant un horizon d’investissement de 12 mois et détenant déjà ces actifs devraient rester investis et acheter des couvertures, telles que des positions courtes EUR/CHF, des actions défensives longues ou des options de vente, qui se négocient à bon marché. Les investisseurs devraient également attendre que les indicateurs techniques se détendent avant de déployer davantage de liquidités dans les actifs européens.»

Malgré cette période de volatilité boursière «à court terme», il s’attend à ce que «la croissance européenne continue de surprendre à la hausse en 2023».

L’euro à sa juste valeur

«La capacité de l’économie européenne à rester résiliente dépend d’une baisse de l’inflation.» Ce qui pour lui est en cours. «L’inflation de la zone euro se réduit, ce qui est un élément qui permet de renforcer la confiance des consommateurs et leur capacité à dépenser. Les ménages européens ont subi une réduction brutale de 7% des salaires réels l’année dernière, ce qui a déprimé le sentiment et empêché la consommation d’être aussi forte qu’elle aurait pu l’être. En d’autres termes, une inflation plus faible est essentielle pour libérer l’épargne accumulée en Europe au cours des trois dernières années et elle permettra à la confiance des consommateurs de la zone euro de connaître un point d’inflexion. Cela constituera un ingrédient clé pour renforcer l’attrait des actifs européens en 2023.»

Conséquence: «on va assister à une réévaluation continue des actifs européens par rapport aux actifs américains et mondiaux». 

Concernant la monnaie unique, il table sur un taux EUR/USD supérieur à 1,15 dans le courant de l’année. Pour le stratège, le cours de l’euro sera principalement soutenu par «le retour à sa juste valeur». En effet, il estime que la monnaie est actuellement sous-estimée de plus de 20%; par l’amélioration de la balance des paiements européenne et par le fait que l’euro est une monnaie sensible à la croissance.

Des actions abordables

Pour ce qui est des actions – y compris celles du Royaume-Uni et de la Suède –, leur momentum sera d’abord porté par le fait qu’elles sont «très bon marché». «Malgré leur récente reprise, les actions de la zone euro se négocient à 12 fois les bénéfices à terme, soit 30% de moins que les multiples américains et 11% de moins que leur moyenne des dix dernières années. La faiblesse des actions européennes ne reflète pas seulement l’effondrement subi l’année dernière, mais aussi la hausse rapide des revenus européens, supérieure à l’évolution des prix des actions.»

La baisse de la volatilité macroéconomique mondiale, l’amélioration des perspectives économiques et le regain d’optimisme des investisseurs quant à la gestion économique de l’UE seront «d’importants vents arrière qui permettront à ces actifs de progresser au cours de l’année. Ils sont abordables et bénéficient d’un contexte économique favorable qui permettra aux investisseurs de revoir à la hausse leur perception de l’attractivité des actifs européens».

Cet article est issu de la newsletter Paperjam + Delano Finance, le rendez-vous hebdomadaire pour suivre l’actualité financière au Luxembourg.