Franz Fayot, député LSAP, et Claude Wiseler, député CSV.  (Photo: Maison Moderne / Archives)

Franz Fayot, député LSAP, et Claude Wiseler, député CSV.  (Photo: Maison Moderne / Archives)

Faut-il repenser la stratégie des participations de l’État? Franz Fayot, député LSAP, et Claude Wiseler, député CSV, livrent leur point de vue.

Cet article est paru dans l’édition d’avril 2019 de .

«Il manque une vision commune et centralisée», selon Claude Wiseler , député CSV

Nous notons que la valeur de marché des participations étatiques dans des sociétés cotées en bourse se chiffre fin février 2019 à 1,5 milliard d’euros. S’y ajoutent des participations d’environ 700 millions d’euros dans des sociétés non cotées, sans oublier les parts que l’État détient dans d’autres entités juridiques, à l’instar de la Banque et caisse d’épargne de l’État, voire de l’Entreprise des postes et télécommunications.

Il est un fait qu’aujourd’hui, chaque participation est rattachée directement au ministère concerné. Ce qui manque, c’est une vision commune et centralisée de gestion de ces participations. Une stratégie industrielle fait défaut.

Nous proposons donc de regrouper les participations étatiques dans une sorte de société de participations financières étatiques (SPFE). Il appartiendra alors au gouvernement de définir la stratégie globale que la SPFE devra mettre en œuvre. La gestion des participations au sein de la SPFE devra suivre les directives gouvernementales, et de nouvelles prises de participations, respectivement les décisions de désinvestissement, s’inscriront dans le cadre de cette stratégie gouvernementale.

Il va de soi que les dividendes encaissés au titre de ces participations reviendront à la société de participations qui les emploiera pour effectuer des investissements futurs. Ce faisant, l’État sera par ailleurs mieux outillé pour bloquer des investissements non désirés en provenance de pays tiers.

Nous sommes d’avis qu’une telle gestion permettra plus de professionnalisme, mais également la mise en œuvre systématique d’une stratégie d’investissement étatique. On retrouve d’ailleurs déjà cette idée dans le programme gouvernemental de 2013…

«Une réflexion à mener sur les perspectives à plus long terme», selon Franz Fayot , député LSAP

Les participations actuelles de l’État sont le résultat d’un développement tant stratégique qu’historique. Afin de diversifier les activités économiques, l’État a depuis toujours investi dans certains secteurs, avec quelques belles «success-stories», comme SES. D’autres participations ont émergé par nécessité, comme le sauvetage de l’Arbed au début des années 1980, ou plus récemment en 2008 pour stabiliser la place financière en prenant des participations dans la BGL et la Bil.

Cependant, l’État doit se demander s’il faut dans tous les cas agir par le biais de participations, en s’exposant au risque entrepreneurial y attaché. Une alternative, moins risquée pour l’État, est d’accorder des prêts ou des subsides aux différentes sociétés, afin de promouvoir leur développement. Une autre possibilité est de passer par le régime d’aide à la recherche-développement pour les entreprises innovantes.

Une réflexion est à mener aussi sur les perspectives à plus long terme des investissements faits par l’État et leurs retombées pour la collectivité sur les plans social et écologique. Celle-ci est liée à la discussion sur le modèle de croissance économique du pays, l’aménagement du territoire et, finalement, la cohésion sociale et le vivre-ensemble dans le pays et la Grande Région.

Dans cette perspective, l’accord de coalition pour la législature 2018-2023 prévoit qu’un comité dédié auprès du ministère des Finances chapeautera, coordonnera et analysera les participations de l’État, notamment au vu des objectifs de développement durable.