Des maisons posées au cœur de la nature, c’est l’ambition de Ground One. (Illustration: Secchi Smith)

Des maisons posées au cœur de la nature, c’est l’ambition de Ground One. (Illustration: Secchi Smith)

Lorsqu’un entrepreneur et une architecte réfléchissent ensemble au futur de nos habitats, de nouvelles initiatives peuvent voir le jour. C’est le cas avec Ground One, une plateforme qui vise à rassembler les marques d’intérêt autour d’un développement immobilier d’un nouveau genre.

est un projet lancé par François de la Caffinière, fondateur de l’entreprise immobilière Valéan. Cette plateforme présente le concept «Forest Neighbourhood», un écoquartier expérimental, centré sur la nature et la communauté, conçu par , architecte et fondatrice du bureau Dagli+ atelier d’architecture. «Cela fait environ un an que nous travaillons au concept de Ground One», introduit François de la Caffinière. «Il nous tenait beaucoup à cœur d’essayer de faire de l’immobilier autrement. Nous traversons actuellement une crise du logement sans précédent, et nous devons en même temps impérativement agir pour préserver nos ressources naturelles. De plus, la notion d’expérimentation en architecture est importante et encouragée par l’OAI, afin de créer de nouvelles formes de vivre ensemble. Aujourd’hui, nous souhaitons rendre publiques nos réflexions et proposer au marché luxembourgeois un projet d’un nouveau genre.»


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L’homme et la nature au centre du projet

«Forest Neighbourhood» est envisagé comme un petit quartier où l’homme et la nature sont réellement au centre de la réflexion. Un des objectifs de ce projet est de ramener du lien social dans l’environnement bâti. «Nous avons travaillé sur la notion de communauté, sur les interactions sociales qui peuvent être générées par l’architecture», explique Türkan Dagli. «Aujourd’hui, les personnes qui habitent une même résidence ne se connaissent généralement pas et n’ont aucun mot à dire sur la conception de leur habitat. Ils achètent des projets clé sur porte, et peuvent juste choisir la qualité ou la couleur de leur carrelage.»

François de la Caffinière poursuit : «La démarche que nous initions avec Ground One est différente puisqu’elle se veut participative. La plateforme permet de rassembler des personnes qui témoignent leur marque d’intérêt pour le projet, souhaitent composer une communauté et s’engagent par la suite sur la recherche d’un terrain sur lequel construire les unités d’habitation qui seront adaptées en fonction des besoins individuels.»

L’autre point très important pour les concepteurs est la régénération des sols. «Actuellement, notre environnement bâti se développe sur des sols morts, où la biodiversité a disparu. Nous souhaitons aller plus loin qu’être neutre d’un point de vue écologique. Nous voulons avoir un impact positif, d’où l’idée de vivre sur des terrains où la nature avait disparu et où elle peut être réintroduite par l’intermédiaire du projet», poursuit Türkan Dagli, pour qui cette proximité avec la nature est très importante dans sa conception architecturale.


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«Habituellement, les projets immobiliers se développent ainsi: le développeur acquiert un terrain, fait les démarches administratives pour le viabiliser, travail avec un architecte à la planification, puis réalise la construction et enfin met en vente le projet. Avec Ground One, nous renversons la réflexion immobilière. Nous avons d’abord développé un concept, que nous présentons aujourd’hui. Maintenant nous allons créer la communauté autour du projet et rechercher un terrain adapté. Ensuite, le travail de planification sera effectué dans une démarche participative. Nous renversons donc le processus de développement classique de promotion immobilière où la communauté arrive à la fin du processus», étaye François de la Caffinière.

Türkan Dagli et François de la Caffinière. (Photo: Marie Romanova)

Türkan Dagli et François de la Caffinière. (Photo: Marie Romanova)

Des habitats modulables

Dans ce premier projet, les unités d’habitation sont envisagées en bois, sans fondations, le plus autonomes possible en énergie, et déplaçables. «Nous prévoyons par exemple d’utiliser des toilettes sèches et d’avoir recours à une électricité produite par énergie solaire», explique Türkan Dagli qui précise qu’un travail de conception est déjà en cours avec un ingénieur.

Les habitations sont de taille modeste, 40m2 par unité, ce qui permet d’héberger jusqu’à deux personnes. Pour les plus grands foyers, ces unités sont combinables entre elles et peuvent créer des cottages plus spacieux. «En habitant des espaces plus réduits, on se débarrasse aussi d’un certain nombre de tracas et on a besoin de moins d’énergie au quotidien pour y vivre», enchérit François de la Caffinière.

Les concepteurs ont prévu un lieu de rencontre pour les habitants du quartier. (Illustration: Studio Archive)

Les concepteurs ont prévu un lieu de rencontre pour les habitants du quartier. (Illustration: Studio Archive)

Les habitations seront réparties sur le site de manière à ne pas abimer le sol. Les chemins surélevés sont réservés aux piétons. Au milieu du village se trouve un espace commun, un lieu de rencontre, comme un salon public où les voisins peuvent se rencontrer. «Nous aimerions aussi proposer la possibilité d’avoir un jardin partagé pour avoir une petite production maraichère locale. Ce n’est pas obligatoire d’y participer, mais ceux qui le souhaitent peuvent y passer du temps», ajoute Türkan Dagli qui joint la parole aux actes puisqu’elle cultive elle-même un potager dans son jardin.

«Le financement des projets est aussi pensé différemment», poursuit François de la Caffinière. Nous souhaiterions expérimenter également sur ce point, en proposant par exemple un système de «Rent to Own» ou en reprenant l’idée de développer une coopérative d’habitat.» Dans tous les cas, la notion d’abordabilité est au cœur de leur démarche.

Un marché prêt au changement

«Nous sommes bien conscients que ce type de projet ne va pas résoudre la crise immobilière», compète Türkan Dagli, «mais nous ressentons le besoin que les choses changent, que les mentalités évoluent. Et ce projet va dans cette direction et nous pensons que le marché est prêt pour cela.» Une maturité qui arrive peut être aussi grâce au travail réalisé par d’autres architectes et entrepreneurs avant eux, comme Sara Noel Costa de Araujo (Studio SNCDA) ou Steve Krack qui avaient déjà beaucoup travaillé sur ces questions et fait des essais de projets assez proches de Ground One dans leur philosophie.


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«Nous espérons que le premier écoquartier pourra voir le jour d’ici deux ans. Mais cela va aussi dépendre des démarches administratives, du temps nécessaire pour créer la communauté et certainement aussi de la volonté politique à rendre possible ce type d’approche», conclut François de la Caffinière.

À ce jour, les concepteurs ont déjà reçu des marques d’intérêt via le site internet. Il va falloir toutefois démontrer qu’un tel projet est possible, notamment d’un point de vue règlementaire.