«Entre la décroissance prônée par certains et le mythe de la croissance illimitée, il existe une troisième voie: la croissance qualitative», a assuré Bertrand Piccard, lors de la conférence réunissant les ministres Claude Turmes et Franz Fayot sur le thème de la réconciliation entre économie et écologie. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

«Entre la décroissance prônée par certains et le mythe de la croissance illimitée, il existe une troisième voie: la croissance qualitative», a assuré Bertrand Piccard, lors de la conférence réunissant les ministres Claude Turmes et Franz Fayot sur le thème de la réconciliation entre économie et écologie. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

16 entreprises ont présenté à la Chambre de commerce, devant les ministres Franz Fayot et Claude Turmes, leurs solutions technologiques labellisées «Solar Impulse»: à la fois protectrices de l’environnement et rentables. C’était l’enjeu de la conférence: réconcilier économie et écologie.

Des bâtiments chauffés l’hiver et rafraîchis l’été grâce à l’énergie du sol avec Celsius Energy. Une mini-éolienne recyclée et recyclable, constituée à partir de bouteilles plastiques, avec Philéole. Une enveloppe isolante continue tout autour des bâtiments pour empêcher les pertes d’énergie et rendre obsolète la nécessité de chauffer l’hiver avec Bhaluu. Récupérer l’énergie de l’éclairage public et la réinjecter sur le réseau avec Green Tech Innovations, ou emmagasiner la chaleur produite pendant la conduite pour chauffer les voitures avec Cebi.

Ces solutions technologiques – 16 au total – ont été présentées jeudi 28 avril lors d’une dans les locaux de cette dernière. Leur particularité: elles sont tout à la fois protectrices de l’environnement et rentables – ce que garantit leur labellisation par la fondation Solar Impulse, qui en a identifié plus de 1.000 à ce jour.

Il faut convaincre les investisseurs, les industriels, les politiciens, et pour cela, il faut que ce soit rentable.
Bertrand Piccard

Bertrand PiccardprésidentSolar Impulse Foundation

Or, c’était tout l’enjeu de cette conférence, qui réunissait le ministre de l’Énergie, (déi Gréng), le ministre de l’Économie, (LSAP) et le président de la fondation Solar Impulse, Bertrand Piccard: réconcilier l’environnement et l’économie. «Entre la décroissance prônée par certains et le mythe de la croissance illimitée, il existe une troisième voie: la croissance qualitative», assure Bertrand Piccard. Et celle-ci est possible, les 1.000 solutions sont là pour le prouver. Selon lui, «elles nous montrent que nous pouvons changer notre modèle économique».

Convaincre les décideurs

Et elles ont l’avantage de s’adresser à ceux qui ont les moyens de «changer les choses». «Quand on parle de création d’emplois, de profit, on s’adresse aux politiciens et aux entreprises», considère Bertrand Piccard. Car, selon lui, «pour moderniser le système, les appareils, les infrastructures, soit cela est rentable et présente une très grande opportunité, soit cela est cher, et nous ne le ferons pas». Il faut donc «convaincre les investisseurs, les industriels, les politiciens, et pour cela, il faut que ce soit rentable».

Il faut être honnête: à l’heure actuelle, on est dernier de la classe.
Claude Turmes

Claude Turmesministre de l’Énergie

Des politiciens, il y en avait deux en face de lui. Le ministre Claude Turmes n’a pas cherché à nier l’énormité de l’enjeu pour le Luxembourg. «Il faut être honnête: à l’heure actuelle, on est dernier de la classe», a-t-il admis, expliquant cela par une industrie très présente et émettrice sur un petit territoire et une consommation très forte, corollaire d’un pouvoir d’achat élevé.

L’événement organisé par la Chambre de commerce a été rehaussé par la présence de Son Altesse Royale le Grand-Duc Henri. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

L’événement organisé par la Chambre de commerce a été rehaussé par la présence de Son Altesse Royale le Grand-Duc Henri. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Franz Fayot a quant à lui appelé à un «changement de paradigme» et à «faire mieux avec moins». Mais il a aussi adopté un discours plus offensif concernant les normes: «Il faudra des règles contraignantes, des lois pour décourager les gens d’utiliser telle solution plutôt que telle autre.» Ce qui nécessitera de «changer de braquet». «Le Luxembourg est un pays libéral, nous détestons imposer des choses aux gens. Or, c’est un frein. Pendant la pandémie, nous avons imposé des contraintes à la société. Peut-être s’agit-il d’un blueprint pour cette transition.»

Le Luxembourg est un pays libéral, nous détestons imposer des choses aux gens. Or, c’est un frein.
Franz Fayot

Franz Fayotministre de l’Économie

Les deux ministres ont ensuite essayé de montrer les efforts déjà engagés et ceux à venir pour réaliser cette transition – entre autres: de nouvelles normes très exigeantes pour les bâtiments neufs dès le 1er janvier 2023, un nouvel arsenal de subventions plus perfectionné après l’été, une feuille de route «zéro carbone» pour l’industrie, le programme Fit4Sustainability pour subventionner et conseiller les PME dans leur transition, le programme européen «Fit for 55» et la fin des moteurs à combustion en 2035, une , et même un nouveau projet de centre pour la construction circulaire.

Mais il faudra faire vite, et même accélérer, rappelle Bertrand Piccard: «Tout est là, les solutions sont là, et chaque année, il y en a davantage. Pourquoi cela ne va pas plus vite?», s’interroge-t-il. «Si nous ratons le coche de la profitabilité, alors, la transition sera chère et nécessitera des sacrifices.» Une alternative, donc: des efforts avec bénéfice maintenant. Ou des «mesures d’urgence» plus tard, mais «très douloureuses».