La Fedil a présenté ce jeudi 24 avril son rapport d’activité pour l’année 2024, marquée par l’agenda européen. (Photo: Ioanna Schimizzi / Maison Moderne)

La Fedil a présenté ce jeudi 24 avril son rapport d’activité pour l’année 2024, marquée par l’agenda européen. (Photo: Ioanna Schimizzi / Maison Moderne)

Avec plus de 1.900 conseils personnalisés, 37 projets réalisés, l’année 2024 a été chargée pour la Fedil, avec  des sujets dominants comme la compétitivité de l’industrie européenne, la question énergétique ou encore la surrèglementation.

«L’industrie européenne et luxembourgeoise subit une énorme pression de pays qui sont en partie low cost  ou subventionnés par leur gouvernements respectifs. L’Europe doit trouver une réponse par rapport à cela. La transition énergétique a un coût également, il faut ménager le consommateur en général et l’industrie en particulier. Il y a plusieurs chantiers majeurs et il ne faut pas que l’Europe se freine elle-même avec la surrèglementation», résume le directeur de la Fedil ce jeudi 24 avril, lors d’une conférence de presse. La fédération de l’industrie luxembourgeoise a présenté son rapport d’activité pour l’année 2024, marquée par l’agenda européen.

«Suite à la publication du rapport d’Enrico Letta sur le marché unique et du rapport de Mario Draghi sur la compétitivité européenne, nous avons notamment réalisé une analyse détaillée sur des sujets de notre compétence comme la surrèglementation et la question énergétique», a ajouté le président de la Fedil, . «Nous avons pris la décision de renforcer notre expertise dans le domaine du commerce et des relations économiques internationales.»

La compétitivité, «priorité absolue»

En 2024, la Fedil – qui recense 19 collaborateurs et 755 membres - a ainsi prodigué plus de 1.900 conseils personnalisés, réalisé 37 projets et organisé 34 événements, dont la réception du Nouvel An 2025, qui avait vu la visite de la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola. «Nous avons eu beaucoup d’échanges avec nos membres, avec comme question majeure: ‘comment préserver la compétitivité de l’industrie européenne face à ses concurrents américains ou asiatiques?’»

«Compte tenu des derniers développements en matière de politique commerciale internationale et des enjeux géopolitiques, le retour à la compétitivité est une priorité absolue, voire une question de survie, pour les entreprises luxembourgeoises et européennes», insiste René Winkin. «Les législations et règles comme la CSRD ou la CS3D touchent les chaînes d’approvisionnement. On ne peut pas se plaindre des droits de douane de Donald Trump si nous-mêmes nous ajoutons encore une couche sur nos exportateurs.»

Sur l’Omnibus, , «on sait que quelques États membres ont une loi sur les chaines d’approvisionnement durables par exemple, donc cela fait du sens d’attaquer ce sujet sur le plan européen pour ne pas détruire le marché intérieur. Mais dès le départ on a dit qu’il y avait un risque que l’initiative des ces réglementations-clés dans le domaine de la finance durable soit contre-productive. On ne sait pas si ces législations, bien intentionnées, ne produiront pas des pénuries, des interruptions ou des hausses de prix significatives parce que cette diversification que l’on cherche dans les approvisionnements avec la CSRD, par exemple, va être réduite. Des sources d’approvisionnements vont probablement se fermer, des entreprises sont déjà en train de quitter l’Afrique. En voulant être plus prudentes pour ne pas subir des pénalités, elles vont certainement fermer des portes et il faudra voir lesquelles resteront ouvertes. C’est aussi un volet sur lequel nous voulons travailler avec nos membres, pour comprendre quelle dynamique peut être déclenchée par ce type de législation.»

ArcelorMittal au Luxembourg en question

«Certains politiciens européens ont dit que les chaines d’approvisionnement durables étaient une mesure de protection qui faisait du bien à l’industrie européenne. Je n’en suis pas convaincu parce déjà je ne suis pas protectionniste, et ensuite je pense qu’il y un vrai risque de pénurie sur le long terme. Donc je pense qu’il y a quelques chantiers où l’Europe a un problème de crédibilité pour aller parler aux Américains, comme le coût du CO2 par exemple.»

La Fedil continue d’être sur tous les fronts, avec les enjeux du plan Rearm Europe et les opportunités pour les entreprises industrielles de se positionner sur le secteur de la défense. «Dans le domaine de l’innovation et de la transformation technologique, nos experts se sont prioritairement penchés sur la transposition et l’implémentation de règlementations européennes importantes, telles que le Data Act, l’AI Act ou encore la directive NIS 2.0», poursuit Georges Rassel. Pour optimiser l’information à destination de ses membres, la Fedil a également mis en place des conférences et des plateformes d’échanges dédiés.

Ce mercredi 23 avril, ArcelorMittal a annoncé qu’il allait supprimer des postes dans sept sites français, dont Florange, en raison du manque de compétitivité de l’acier en Europe. «Je pense que ce n’est pas étonnant, parce depuis des mois voire des années, la sidérurgie alerte la Commission européenne sur sa situation, qu’elle soit commerciale ou par rapport aux prix de l’énergie», réagit René Winkin. «Tous ces sujets n’ont pas été réglés, il n’est donc pas anormal que ce secteur se retrouve en difficulté. Pour l’instant nous n’avons pas eu de nouvelles concernant les sites luxembourgeois, j’espère qu’ils ne seront pas affectés. Je suis toutefois confiant parce que nous avons des produits de niche, innovants et bien positionnés sur le marché international. Mais la concurrence asiatique ne dort pas donc cette annonce souligne l’effort d’avoir une innovation permanente.»