Il n'accouche pas toujours de mesures concrètes, mais le Sommet de la Grande Région est déjà une réalité depuis 1995. (Photo: SIP)

Il n'accouche pas toujours de mesures concrètes, mais le Sommet de la Grande Région est déjà une réalité depuis 1995. (Photo: SIP)

Une réforme territoriale non. Une Grande Région oui. Dossier politique – et politisé – à souhait chez nos voisins français, la réforme territoriale qui doit rebattre les couches du millefeuille continue d'occuper l'actualité par l'intermédiaire des déclarations de responsables régionaux, départementaux ou locaux, souvent opposés à la nouvelle cartographie administrative voulue par le président Hollande.

Parmi ces «frondeurs», on retrouve le président du Conseil général de la Moselle, l'UDI Patrick Weiten. Tandis que le président de la région Lorraine dont fait partie le 57, le PS Jean-Pierre Masseret, accueille favorablement l'idée de fusionner avec l'Alsace (sans Champagne-Ardenne, partenaire évoqué en début de projet), M. Weiten veut quant à lui «regarder vers l'est».

La Grande Région bis

Il souhaite en effet expérimenter un grand territoire qui comprendrait la Moselle, le Luxembourg, la Sarre et la Rhénanie-Palatinat allemandes et la Wallonie belge. «Si j'ai changé d'avis, c'est après consultation de mes partenaires frontaliers. Des rencontres avec le Premier ministre du Luxembourg ou des responsables de la Sarre m'ont ouvert les yeux», a déclaré Patrick Weiten à la presse locale française, lui qui était aussi favorable au couple Lorraine-Alsace il y a quelques semaines.

Patrick Weiten a même écrit au Premier ministre français, Manuel Valls, pour lui demander «l'autorisation à l'expérimentation (qui) irait ainsi dans le sens de vos vœux de créations d'entités capables de rivaliser au niveau européen avec les grandes métropoles.» Déjà vu? L'élu semble en effet (re)découvrir que la Grande Région existe...depuis 1995. Sur la carte et le papier, les chiffres (2,6% du PIB de l'Union européenne, 65.401 km2, 11,5 millions d'habitants) plaident en faveur de Patrick Weiten.

Le Luxembourg réservé

Mais les dernières années ont été marquées par une avancée à deux vitesses de la Grande Région sur le plan politique, qui devait davantage compter sur le moteur luxembourgeois – seul État souverain – aux côtés de régions voisines qui restent dépendantes des pouvoirs centraux ou fédéraux.

Si la Moselle gagne en autonomie, l'idée peut éventuellement fonctionner. Mais à condition que la Wallonie, la Sarre et la Rhénanie-Palatinat disposent, dans le même temps, de prérogatives similaires.

Du côté du gouvernement luxembourgeois, on indique par la voix du ministre des Affaires étrangères Jean Asselborn que «la Grande Région est une structure déjà bien établie, qui n'empêche en rien d'améliorer le degré de coopération qui existe déjà entre ses partenaires.» Si le sommet de la Grande Région qui n'accouche pas toujours de mesures concrètes avait besoin d'un agenda pour sa prochaine réunion programmée le 4 décembre, il en a trouvé un.