Georges Muller: «Nous participons de manière active aux efforts du pays pour mettre en place un système de bonne qualité technologique et sécurisé afin d'innover et avancer.» (Photo: Julien Becker)

Georges Muller: «Nous participons de manière active aux efforts du pays pour mettre en place un système de bonne qualité technologique et sécurisé afin d'innover et avancer.» (Photo: Julien Becker)

Monsieur Muller, pouvez-vous nous parler de votre première expérience professionnelle, de votre premier emploi? Et de ce qu’il vous a rapporté…

«Déjà enfant, je rêvais de voyager et de découvrir le monde, d’aller à la rencontre d’autres cultures et modes de vie… C’est donc tout naturellement que je me suis orienté vers l’hôtellerie et vers un métier qui m’apporterait une certaine indépendance financière, quels que soient le lieu et la durée de mon périple… Et surtout qui me procurerait l’inestimable liberté intellectuelle de pouvoir partir à tout moment vers d’autres contrées.

En 1994, mon diplôme de l’École hôtelière de Lausanne en poche, j’opte d’abord pour San Francisco. Sur place, je trouve alors un poste de restaurant manager. Un peu plus tard, comme j’avais toujours souhaité vivre sur une île, je pose donc mes valises en République dominicaine et travaille comme assistant de direction d’une petite chaîne hôtelière à Cabarete. Là, il fallait faire preuve de débrouillardise et d’ingéniosité pour trouver des solutions et offrir aux clients des infrastructures et un service de qualité.

En 1996, changement de cap, pour Maui (Hawaï) cette fois. Je rejoins alors le groupe Four Seasons Hotels comme assistant restaurant manager. On travaillait dur, on ne comptait pas les heures… Mais les couchers de soleil sur la plage et la rencontre avec des stars comme Demi Moore, Arnold Schwarzenegger ou encore Michael Dell étaient la suprême récompense de tous nos efforts.

Retour sur la terre ferme ensuite à Seattle (État de Washington), toujours pour le groupe hôtelier de luxe canadien. Il y pleut certes autant qu’au Luxembourg mais j’y découvre un climat d’effervescence intense pour les nouvelles technologies: tout le monde bouillonnait d’idées, de nombreux projets ICT se montaient, beaucoup de start-up voyaient le jour…

À ce moment, je réalise que la branche hôtelière ne connaîtra jamais une telle remise en question, ni un tel renouvellement permanents, comme ceux que vit le secteur IT. C’est donc vers ce domaine que je décide de m’orienter.

En 1999, je retourne alors au Luxembourg, bien décidé à rejoindre le monde de l’ICT. Je suis ainsi recruté par Cegecom, une start-up à l’époque prometteuse. J’y débute comme marketing manager, mais mon souhait était de diriger un jour une entreprise.

Si j’avais suffisamment d’expérience pratique pour gérer des équipes et un établissement, il me manquait la théorie pour réaliser ce projet professionnel. J’ai donc en dehors de mes heures de travail effectué un MBA à la Sacred Heart University pour compléter mon cursus.

Avec le recul, l’École hôtelière de Lausanne a été pour moi une véritable business school: on y enseigne la gestion, la comptabilité et la finance, le marketing, le service et l’approche orientés client… Sur le terrain, dans ce métier plus qu’ailleurs, j’y ai appris que la qualité du service et la sécurité doivent être irréprochables. On est constamment en contact direct avec des clients souvent très exigeants, qui vous donnent d’emblée un feedback direct et sans concession sur vos produits et services…

De mes séjours, j’ai ainsi rapporté des méthodes de travail et de gestion pragmatiques et constructives, basées sur le professionnalisme, sur la tolérance et sur l’échange d’idées. Avec aussi une vision des activités à 360 degrés et une approche de la direction des affaires optimiste et positivement tournées vers l’avenir.

Humainement parlant, ces voyages ont été marqués par des rencontres avec des hommes et des femmes d’horizons, de cultures, de visions du monde et des affaires à chaque fois uniques. Ce fut pour moi une immense ouverture d’esprit et une grande humilité.

En tant que directeur de Cegecom, ces expériences m’ont aussi apporté la ténacité dans le travail, l’envie de lancer et de mener à terme de nouveaux produits et de nouveaux projets, avec comme mot d’ordre: dépasser les attentes des clients et leur offrir des services pointus et de qualité. Elles m’ont aussi appris à me remettre en question, à prendre du recul et à relativiser les situations du moment, pour mieux voir, comprendre, analyser et me faire ma propre opinion, avant de prendre une décision et aller de l’avant.

Aujourd’hui, je continue à concilier un job qui me passionne et à vivre mon rêve pour les voyages. Chaque année je choisis une destination lointaine et je me suis ainsi rendu en Corée du Nord ou encore en Birmanie, où j’ai fêté avec les Birmans la victoire d’Aung San Suu Kyi aux élections législatives. Ce sont là aussi des moments inoubliables et à nouveau des leçons de vie personnelles et professionnelles.

Vous dirigez aujourd’hui Cegecom. Comment envisagez-vous l’évolution de votre société? Où en sera-t-elle dans 15 ans?

«Cegecom a été lancée en 1999 comme une start-up, suite à la libéralisation du marché des télécommunications. 15 ans plus tard, elle fait partie d’un groupe transfrontalier qui opère au Luxembourg et en Allemagne.

Plus que jamais, 2015 aura marqué la transformation de notre groupe, qui est passé d’une offre de services purement IP et télécoms, pour y intégrer désormais une activité IT dédiée notamment avec le lancement de sa plate-forme de produits et de services basés sur le cloud, et avec l’ouverture en février prochain d’un data center en Allemagne.

Un changement d’ADN pour Cegecom certes, qui reste cependant fidèle à sa culture d’adaptation aux évolutions technologiques et professionnelles du marché, pour mieux accompagner ses clients dans leurs défis d’affaires. 

Pour ce qui est des défis, justement: l’Europe et avec elle le Luxembourg continuent à abolir leurs frontières télécoms, que ce soit avec le roaming ou avec les réseaux d’échange d’informations. Aujourd’hui, nous assistons au déploiement au quotidien d’autoroutes de l’information toujours plus denses qui connectent les grands hubs et centres urbains européens et font ainsi disparaître les frontières physiques.

À moyen terme, ces évolutions constituent une chance pour le Grand-Duché et pour ses activités qui renforceront son positionnement au cœur du Vieux Continent.

Pour Cegecom, elles constituent également une opportunité de remise en question et de renouvellement pour continuer à aller de l’avant. Sur le long terme, quelle que soit son activité dans les prochaines années, notre groupe restera toujours aussi proche de ses clients afin d’anticiper leurs besoins et de leur fournir des solutions à haute valeur ajoutée.

Nous poursuivrons également notre participation active aux efforts du pays pour mettre en place un écosystème de bonne qualité technologique et hautement sécurisé dont il a besoin pour innover et avancer. 

Qu’avez-vous retenu de l’actualité de ces derniers jours? Quel événement vous a plus particulièrement marqué? Et pourquoi?

«Les événements récents, qui ont eu lieu au cours de l’année écoulée et plus spécifiquement ces derniers mois (vol de données, regain de la cybercriminalité, actes terroristes globalisés), démontrent que la sécurité des personnes et des sociétés, tant physique qu’électronique, reste plus que jamais fondamentale. Nous assistons là à une véritable mutation dans ce domaine.

La sécurisation des infrastructures et des données que nous avions à l’époque détectée comme une opportunité et une niche d’affaires en marge de nos activités de télécommunication devient aujourd’hui une nécessité majeure. Ce n’est plus là une question de simple prévoyance mais bien de protection renforcée.

Dans ce domaine, Cegecom répond déjà aux exigences de ses clients avec une solution dédiée dite d’encryption qui garantit une sécurité maximale des systèmes et des données stratégiques, financières et personnelles hautement sensibles.

Par ailleurs, nous collaborons de façon significative avec les organismes gouvernementaux chargés de la sensibilisation, de la promotion de la sécurité de l’information dans les entreprises, de la coordination et des actions, en cas d’incidents portant atteinte à la sécurité des systèmes et des données.

Cette coopération réactive et proactive permet de mieux affiner notre connaissance des risques auxquels sont exposés nos clients, de mieux répondre à leurs besoins, pour mieux sécuriser leurs infrastructures et leurs données.

La culture de confidentialité et de sécurité est en effet inscrite dans les gènes de Cegecom, tout comme elle est ancrée dans celles du Grand-Duché. D’autant qu’en ces temps de diversification sectorielle et d’instabilités, la sécurité et la protection des données constituent pour le pays un argument important de positionnement et de différenciation ainsi qu’un facteur d’attractivité économique fort.»