Denise Voss est présidente de l’Alfi depuis juin 2015. (Photo: Maison moderne / archives)

Denise Voss est présidente de l’Alfi depuis juin 2015. (Photo: Maison moderne / archives)

Bien que le premier organisme de placement collectif luxembourgeois n’ait été créé qu’en 1959 – alors que le concept de fonds d’investissement date du 18e siècle –, le Luxembourg a réussi à devenir le plus important centre de fonds d’investissement en Europe et le numéro deux au niveau mondial après les États-Unis. Ce développement n’a cependant commencé que vers le milieu des années 1980, quand le législateur luxembourgeois a créé un cadre légal attrayant pour les organismes de placement collectif anticipant la première directive communautaire en la matière qui voyait le jour en 1988.

Ce faisant, le Grand-Duché était le premier pays à offrir le «passeport européen», qui permettait aux fonds d’investissement de partir à la recherche d’investisseurs dans l’ensemble des pays communautaires une fois l’agrément reçu au Luxembourg. Sa place financière devenait ainsi la porte d’entrée au marché européen préférée des promoteurs d’OPC suisses et américains.

Depuis, le Luxembourg s’est efforcé de toujours offrir un cadre légal et réglementaire à la pointe du progrès, permettant la création de produits d’investissement sur mesure à destination non seulement d’épargnants locaux, mais d’une clientèle européenne, voire mondiale.

Cette stratégie s’est avérée payante: les plus de 14.200 fonds et sous-fonds d’investissement luxembourgeois gèrent aujourd’hui près de 3.500 milliards d’euros, ils ont été créés par des initiateurs de plus de 60 pays, et ils sont vendus dans quelque 70 pays à travers le monde.

Mais leur environnement est en train de changer plus rapidement que jamais. À commencer par leur clientèle potentielle. Les «Millennials», nés entre 1980 et le tournant du millénaire, constitueront dans un avenir très proche la plus importante audience en ligne, et leur pouvoir d’achat dépassera celui de toutes les générations précédentes. Or, leurs préférences se distinguent fondamentalement de celles de leurs ancêtres. Accros des technologies de communication interactives mobiles, il est évident, pour eux, de pouvoir faire des investissements partout et à tout moment, et ceci sans devoir passer par des intermédiaires. Ils font confiance à leurs pairs plutôt qu’à des conseillers financiers traditionnels, ils ont recours à des informations qu’ils trouvent en ligne et veulent prendre leurs décisions d’investissement de manière indépendante.

Cette attitude va fondamentalement modifier la façon dont les gestionnaires d’actifs vont communiquer avec leurs clients. En même temps, de jeunes entreprises spécialisées dans les technologies financières (les sociétés «fintech») développent des applications destinées à rendre plus faciles, plus rapides et moins chers nombre de transactions et services financiers, applications qui risquent d’impacter à terme les acteurs de l’ensemble de la chaîne de valeur des fonds d’investissement. Aussi, l’Alfi a-t-elle mis en place un Fintech/Digital Forum dans le cadre duquel ses membres et des sociétés fintech essayent ensemble de développer des applications pratiques au service du secteur.

La désintermédiation progressive des opérations financières rend indispensable une éducation financière adéquate des consommateurs, d’autant plus que l’évolution démographique et des engagements des régimes publics de retraite renforcent le besoin pour chacun d’assumer plus de responsabilités pour s’assurer une pension de retraite correcte. Les technologies modernes de communication interactive peuvent constituer des canaux intéressants pour offrir cette éducation à grande échelle. L’Alfi y apporte sa contribution avec son site web éducatif.