Wennig & Daubach, «Recto Verso», 2017. Vue de l’installation dans le Parc central au Kirchberg. (Photo: Wennig & Daubach)

Wennig & Daubach, «Recto Verso», 2017. Vue de l’installation dans le Parc central au Kirchberg. (Photo: Wennig & Daubach)

L’idée de départ est la suivante: le Fonds Kirchberg et le Casino Luxembourg s’associent pour inviter tous les deux ans un artiste à intervenir dans le labyrinthe de haies du Parc central au Kirchberg et à interagir avec l’œuvre «Dendrite» de Michel de Broin. C’est le programme «1+1». Pour cette première édition, c’est le duo luxembourgeois Wennig & Daubach qui a remporté la consultation d’artistes restreinte en proposant l’œuvre «Recto Verso».

Dans la continuité de leur travail, qui est basé sur la force des mots ordinaires, l’étymologie, la densité sémantique, l’aspect typographique et les relations apparence-sens, «Recto Verso» est une œuvre ludique qui s’adresse aussi bien aux enfants qu’aux adultes. Dispersés au sein du labyrinthe, et placés au-dessus des haies, une vingtaine de panneaux directionnels portent des mots composés, un mot sur chaque face. Vu de loin, l’ensemble est incohérent, mais intrigant et interpellant. Pour lire le mot en entier, il faut se déplacer, parcourir le labyrinthe pour voir la seconde face. Là seulement, le mot composé se rassemble et se dévoile. Entre-temps, le promeneur aura essayé de deviner ce qui se cache derrière, ou aura eu le temps d’oublier sur le chemin le premier mot…

«Nous nous sommes plongés dans l’histoire des mots composés», explique Charles Wennig. Certains sont évidents, d’autres plus subtiles. Il y a aussi une dimension humoristique, une réappropriation des mots pour les transformer, loin de leur apparente banalité. Pour chaque poteau qui rassemble plusieurs panneaux, nous avons essayé de créer des ensembles. Les mots fonctionnent aussi bien seuls, que les uns à côté des autres.»

Les artistes ont choisi d’intervenir dans plusieurs langues pour que tous les publics puissent en profiter. Il y a d’ailleurs des spécificités propres à chaque langue. «Par exemple, ‘buffalo’ est un mot qui, en anglais, vaut pour sa répétition», explique Laurent Daubach. «Ce même mot ‘buffalo’ est donc inscrit sur les deux faces du panneau.»

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les panneaux n’indiquent aucune direction. Impossible d’espérer le moindre repère par rapport à cela, mais peu importe, le risque de se perdre dans le labyrinthe est de toute façon très faible. Par contre, un nouveau déplacement mental s’opère lorsqu’on se prend au jeu de lire les mots. Par association d’idées, l’esprit divague, s’échappe le temps d’une promenade.

En plus de l’installation dans le Parc central, les artistes ont inséminé quelques poteaux à d’autres endroits stratégiques à travers la ville. C’est ainsi qu’au total, neuf lieux sont associés, créant un parcours: Mudam, Casino, Cercle Cité, Villa Vauban, MNHA, Rotondes, Kinnekswiss, le festival «Food for your Senses». Un dernier panneau sera posé à l’occasion de la Luxembourg Art Week en novembre, événement où sera aussi présentée la publication liée à cette intervention, et sur laquelle les artistes sont en train de travailler.

L’installation au Kirchberg est inaugurée ce soir à partir de 18h. Une visite commentée est organisée le 6 juillet à 19h, un pique-nique le 16 juillet, un atelier pour enfants les 5 août et 2 septembre, et un apéro-balade le 24 août.