Philippe Ledent, senior economist ING Belux. (Photo: Patricia Pitsch / Maison Moderne)

Philippe Ledent, senior economist ING Belux. (Photo: Patricia Pitsch / Maison Moderne)

La semaine écoulée a été riche en événements: le revirement budgétaire (contraint) de la France, la motion de méfiance à l’encontre de Theresa May ou encore la réunion de politique monétaire de la BCE. Et pourtant, on devra surtout en retenir la publication d’indicateurs PMI médiocres dans la zone euro, et même inquiétants en France. 

Pour rappel, les indices PMI ont initialement été développés aux États-Unis par l’Institute for Supply Management. L’idée est d’interroger les directeurs d’achats d’un échantillon d’entreprises pour avoir un sentiment précurseur de l’activité économique, sachant que les directeurs d’achats agissent en amont du processus de production. Par la suite, une société privée, Markit, a développé avec des partenaires locaux des indices PMI pour une série d’autres pays, dont les grands pays européens. 

Ces indicateurs sont publiés sous forme d’indices de diffusion. Cela signifie que la valeur critique qui sépare la zone d’expansion de l’activité de la zone de contraction de celle-ci est fixée par construction à 50. Une baisse d’un indice PMI est donc une mauvaise nouvelle, mais s’il passe sous la barre des 50, cela devient une très mauvaise nouvelle (même si en réalité l’interprétation est un peu plus complexe).

Les indices de décembre ont confirmé les soupçons les plus pessimistes.

Philippe Ledent, senior economist chez ING Belux

Globalement, après avoir atteint un niveau particulièrement élevé en fin d’année 2017, les indices PMI de la zone euro ont été, à l’exception d’un petit rebond durant l’été, à la baisse au cours de l’année écoulée. En novembre, ils se situaient à 52,7 en zone euro, tous secteurs confondus. 

Dans ce contexte, la publication des indices PMI de décembre, ce vendredi, était particulièrement attendue. D’une part, elle devait révéler si la situation économique continue de se détériorer en zone euro. D’autre part, dans le cas de la France, l’indice de décembre devait donner une première indication des dégâts économiques causés par les actions des «gilets jaunes». 

De fait, les indices de décembre ont confirmé les soupçons les plus pessimistes. En effet, les indices PMI ont globalement encore baissé en décembre. Dans le cas de l’Allemagne, la correction est relativement limitée. Mais elle ne démentit pas la tendance baissière du climat économique. Mais surtout, l’indice de la France, tous secteurs confondus, est passé de 54,2 à 49,3!

La chute est vertigineuse, et tire l’indice en zone de contraction de l’activité.

Philippe Ledent, senior economist chez ING Belux

La chute est vertigineuse, et tire l’indice en zone de contraction de l’activité. Cela tend à montrer que les actions de blocages, les protestations et les dégradations ont non seulement eu un impact psychologique important (baisse de la confiance en général en France), mais qu’elles ont également affecté l’activité économique en décembre.

Ce n’est pas bon pour la croissance économique du quatrième trimestre de 2018, et ce n’est pas de bon augure pour 2019. La prudence du propos de la BCE lors de sa réunion de politique monétaire, qui a souligné le fait que «la balance des risques se détériore», prend ici tout son sens.