La députée travailliste Jo Cox militait fermement pour le maintien de son pays au sein de l'Union européenne. (Photo: Licence C.C.)

La députée travailliste Jo Cox militait fermement pour le maintien de son pays au sein de l'Union européenne. (Photo: Licence C.C.)

Triste constat pour David Cameron. Si jamais le Royaume-Uni parvient à éviter le Brexit ce jeudi 23 juin, il le devra probablement au meurtre incompréhensible de la députée travailliste Jo Cox à huit jours du référendum. Et surtout pas à la ferveur avec laquelle le Premier ministre aurait tenté d’inverser le courant, suite à sa promesse de laisser le peuple britannique s’exprimer sur la présence du pays au sein de l’Union européenne.

Jo Cox était sans doute une vraie combattante. Sa ferveur à convaincre les électeurs de la nécessité de dire «oui» au maintien dans l’Union lui a coûté la vie. Mais au moins l’acte commis par un extrémiste lui donnera-t-il peut-être raison. Selon les derniers sondages réalisés ce week-end, un basculement a en effet eu lieu en faveur du statu quo alors que le Brexit avait tendance à prendre le large ces derniers jours.

Ce n’est pas encore gagné diront certains, tandis que tant d’autres commencent à se demander ce qu’il y a encore à gagner justement à maintenir un «partenaire» qui ne joue le jeu que lorsqu’il est certain d’y trouver son intérêt. Et qui, par son souci de sortir vainqueur de chaque confrontation, a largement contribué à faire de l’ambitieux projet européen un grand bricolage dont la population comprend de moins en moins le but ultime.

Un jeu dangereux

Le pari fait par Cameron sur le dos de l’Europe, dans le seul but de remporter les élections législatives de 2013 en ralliant les eurosceptiques, montre d’ailleurs à quel niveau certains politiciens britanniques placent l’idéal communautaire.

Quant au peuple lui-même, il ne semble toujours pas avoir pris conscience de l’enjeu. Les conséquences seront économiques et financières évidemment, avec le retrait de la City de l’espace européen et donc la perte du passeport pour les firmes étrangères qui s’y sont installées. Mais également politiques avec d’inévitables demandes écossaises d’un nouveau référendum pour son indépendance. Plus favorables à l’Union, les Écossais accepteront mal un départ imposé par les Anglais.

Mais le plus grand risque pour David Cameron est de voir le référendum passer à côté de son objectif, comme c’est bien souvent le cas lors de pareille consultation, et se transformer en un vote pour ou contre sa propre personne. Et là non plus, ce n’est pas gagné.

Un évitable gâchis

Quelle que soit l’issue du référendum, le Royaume-Uni doit se préparer à des mois, voire des années difficiles. Sa réputation internationale restera entachée de cette ambition isolationniste. Et les investisseurs internationaux, toujours à la recherche de la plus grande stabilité au moment de s’ancrer à un nouveau territoire, regarderont probablement la grande île avec plus de circonspection.

Le Luxembourg en tirera-t-il les marrons du feu en devenant, sur tous les créneaux, la première Place financière au sein de l’UE? Possible. Mais ce qui est sûr, par contre, c’est qu’après quasiment une décennie de crise, l’Union européenne se passerait bien de devoir gérer dans l’urgence le problème de l’éventuel retrait britannique. Des pertes de temps, d’argent et de crédibilité pour lesquelles elle serait en droit de demander des comptes aux Britanniques s’ils décident de continuer l’aventure.