Le réacteur 1 de la centrale de Tihange, mis en service en 1975, devait être arrêté en 2015 mais le gouvernement a prolongé son utilisation jusqu'en 2025. (Photo: Licence CC)

Le réacteur 1 de la centrale de Tihange, mis en service en 1975, devait être arrêté en 2015 mais le gouvernement a prolongé son utilisation jusqu'en 2025. (Photo: Licence CC)

La réouverture du réacteur 1 de Tihange autorisée par l'Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN) en novembre connaît de plus en plus de retentissements dans la Grande Région et au-delà.    

La ville d'Aix-la-Chapelle (Allemagne), 60 km, a désigné deux cabinets d'avocats, l'un à Bruxelles et l'autre à Düsseldorf, afin d'étudier les actions juridiques envisageables pour contraindre la Belgique à renforcer la sécurité de ses centrales, voire à les fermer pour de bon, rapportait Le Vif vendredi dernier.

Le conseil communal de Maastricht envisage d'emprunter le même chemin. Les deux villes avaient déjà adopté une motion en mai 2015 afin d'exiger la fermeture immédiate et définitive de la centrale située à 20 km de Liège, comme l'indiquait 7sur7.

C'est une perception erronée de dire qu'il y a plus d'incidents aujourd'hui que par le passé, il y en a plutôt moins que les années précédentes.

Florence Coppenolle, directrice de la communication d'Electrabel

En cause: la sécurité du site nucléaire alors que le réacteur 1 de Tihange, de même que deux réacteurs de la centrale de Doel, ont été arrêtés pendant 20 mois sur décision de l'AFCN en raison de la découverte de milliers de microfissures dans la paroi de leurs cuves en 2012. L'AFCN a donné son aval pour le redémarrage des réacteurs en novembre dernier mais dès décembre, plusieurs incidents ont suscité de vives inquiétudes. «C'est une perception erronée de dire qu'il y a plus d'incidents aujourd'hui que par le passé, il y en a plutôt moins que les années précédentes», assure Florence Coppenolle, directrice de la communication d'Electrabel, exploitant des centrales et filiale du groupe français Engie (ex-GDF Suez), citée par Le Vif. Quant aux fissures, «on a redémarré après un audit d'un bureau d'études américain qui a garanti l'intégrité structurelle des cuves».

Mais cette fois, les protestations politiques des pays limitrophes se sont fait entendre. Fin décembre, la ministre fédérale allemande de l'Environnement, Barbara Hendricks, qualifie de «rafistolage» la gestion de ces incidents par Electrabel, indiquait Le Vif dimanche sur son site internet. Ce lundi, le ministre de l'Intérieur a reçu le secrétaire d'État luxembourgeois au Développement durable, qui a exprimé ses «préoccupations sur les déficiences constatées dans la centrale nucléaire de Tihange». Mercredi, c'est la ministre néerlandaise de l'Environnement, Melanie Schultz, qui est attendue pour une inspection de la centrale de Doel.

Réactions en Allemagne, aux Pays-Bas et au Luxembourg

Beaucoup de bruit pour rien, rétorque la ministre fédérale de l'Énergie, de l'Environnement et du Développement durable Marie-Christine Marghem sur la RTBF. «Il faut entendre les craintes et c'est pour cela que la visite de Doel a lieu. Nous avons une rencontre avec les experts néerlandais, la ministre de l'Environnement, Jan Jambon et moi-même à Doel. À l'issue de cette rencontre, qui comprendra une visite de la centrale et des échanges entre experts, nous pourrons vous en dire plus. Nous irons d'ailleurs aussi visiter la centrale de Borssele aux Pays-Bas qui se trouve à quelques kilomètres de Doel.» Et d'assurer que «nous suivons les avis de l'AFCN et l'AFCN dit qu'il n'y a aucun problème. Le gouvernement est très scrupuleux, très exigeant, l'AFCN est une agence indépendante, composée d'experts notoirement reconnus sur le plan international. Pour nous, il n'y a aucun problème.»