Viviane Reding: «Nous ne sommes qu'au début d'une évolution plus profonde.» (Photo: paperJam / Archives)

Viviane Reding: «Nous ne sommes qu'au début d'une évolution plus profonde.» (Photo: paperJam / Archives)

Madame Reding, quel a été votre premier acte militant?

«Pour mes débuts en politique, j'ai eu une chance énorme: côtoyer un maître à penser et à agir exceptionnel. Pierre Werner m'a montré, à partir de 1979, comment un leader politique peut et doit combiner vision à long terme, action à court terme et courage politique. Son art de créer le Luxembourg moderne (place financière, satellites, médias) ainsi que son savoir-faire pour éviter la faillite de notre pays (crise sidérurgique) ont été pour moi le fondement de mon action politique future.

Sur le thème 'réfléchir, vouloir, faire', j'ai déposé au début de mon mandat parlementaire luxembourgeois une proposition de loi pour réformer l'acquisition de la nationalité. À l'époque, vouloir transférer la nationalité de la mère à l'enfant était une idée inconcevable et à laquelle s'opposaient maintes forces politiques. Mon idée est devenue loi. Et j'ai appris que le système 'réfléchir, vouloir, faire' était réalisable.

Comment envisagez-vous votre avenir politique et celui de votre parti? Où en sera-t-il dans 20 ans?

«Le temps économique, social et politique n'évolue pas, il galope. Voilà pourquoi des prévisions sur 20 ans seraient osées! Mieux vaut créer et consolider les fondements pour que mes successeurs puissent agir demain.

Pour pouvoir s'adapter vite et avec flexibilité, les prochaines générations doivent avoir l'esprit d'initiative et le goût du risque. Avons-nous réussi à les y préparer suffisamment? Je n'en suis pas certaine.

Qu’avez-vous retenu de l’actualité de ces derniers jours? Quel événement vous a plus particulièrement marqué? Et pourquoi?

«La naissance d'une opinion publique européenne. D'une dimension purement régionale et nationale, la politique a pris le virage européen. L'action du ‘Spitzenkandidat’ et les conséquences qui en découlent en est un bon exemple: de la technocratie au débat public, de la tour d'ivoire à la transparence, de l'intérêt local à la prise de positions transnationales. Nous ne sommes qu'au début d'une évolution plus profonde. Mais ces débuts timides changeront à terme fondamentalement notre manière de faire de la politique.»