Christian Heinzmann est le seul non-Luxembourgeois à avoir dirigé Luxair.  (Photo: Frédéric Di Girolamo / archives)

Christian Heinzmann est le seul non-Luxembourgeois à avoir dirigé Luxair.  (Photo: Frédéric Di Girolamo / archives)

Au moment d’entrer dans le siècle actuel, la compagnie nationale Luxair traverse quelques turbulences. Arrivé à la tête du comité de direction en mai 1998, Jean Donat Calmes avait souhaité redynamiser quelque peu la compagnie qui restait sur 37 années de règne de Roger Sietzen.

L’un des plus ambitieux projets alors mis en œuvre par M. Sietzen est la création d’une liaison directe Luxembourg-New York, en réponse à l’abandon du créneau par la compagnie Icelandair, qui était alors la seule compagnie aérienne à proposer des vols transatlantiques au départ de Luxembourg. 

Mais le rêve américain de Luxair ne dure que sept mois, en 1999, le temps de perdre près d’un demi-milliard de francs Luf (environ 12 millions d’euros) en raison d’un taux de remplissage en classe «Business» largement insuffisant, faute d’offres de fidélisation concurrentielles par rapport aux autres compagnies aériennes internationales. L’aventure s’arrête net à l’automne 1999. 

Un échec qui, en grande partie, scelle le sort de M. Calmes, dont le mandat à la tête de Luxair est par ailleurs plombé par des conflits internes, notamment avec son prédécesseur (devenu président du conseil d’administration) en matière de stratégie globale, alors que la compagnie se trouve confrontée à de nombreux défis.

Un franc-parler qui détonne

Et ce qui devait arriver arrive finalement début octobre 2000, à l’issue d’une réunion de conseil d’administration un peu plus tendue que les autres: Jean Donat Calmes rend les armes et remet sa démission. Officiellement pour «des divergences de vues avec les actionnaires de la société». 

Roger Sietzen, lui, annonce dans le même temps qu’il ne sollicitera pas le renouvellement de son mandat lors de l’assemblée générale de 2001. La voie est toute tracée pour Alain Georges, tout juste nommé vice-président (il est, alors, président du comité de direction de BGL, bras luxembourgeois du groupe Fortis, un des actionnaires de Luxair) et qui sera intronisé à la présidence au printemps 2001. 

Et pour succéder à M. Calmes, une autre petite révolution se dessine, puisque c’est à un Belge qu’il est fait appel: Christian Heinzmann, qui a notamment dirigé la compagnie aérienne belge VLM Airlines NV. 

Son passage sera marqué, dans un premier temps, par un franc-parler détonnant dans le paysage alors encore très aseptisé du business luxembourgeois. Sa sortie sur l’aspect «africain» de l’aéroport du Luxembourg défraie longtemps la chronique. Son vrai faux départ pour la SNCB, en 2002, ne lui vaut pas non plus que des amitiés. C’est aussi sous sa direction que Luxair connaît son premier – et à ce jour unique – crash aérien, avec l’accident du vol Berlin-Luxembourg qui a coûté la vie à 20 personnes. 

En dépit de résultats financiers très satisfaisants - l'activité Airline redevient même bénéficiaire - et du lancement d’une «nouvelle» stratégie globale, la «greffe» Heinzmann ne parvient pas vraiment à prendre et en février 2005, il est poussé vers la démission de ses fonctions. 

Objectif 2020 en vue

Son successeur Adrien Ney, alors âgé de 48 ans, arrive en provenance du secteur bancaire: il a occupé successivement différentes fonctions de direction au sein de la Commerzbank International à Luxembourg avant d’en devenir administrateur-directeur en 1996. Son arrivée coïncide avec un certain retour au calme en termes de gouvernance, en dépit de la traversée d’autres zones de turbulence qui vont notamment donner naissance, dès 2006, au programme «Building a New Airline».

Dix ans plus tard, M. Ney est toujours en place, même si tout est loin d’avoir été facile pour lui, notamment une terrible année 2012 clôturée sur un déficit global de plus de 10 millions d’euros. Il parvient, non sans mal, mais toujours sans faire de vagues, à garder le contrôle de la situation et redresse même la barre, au moins au niveau du groupe (l’activité Airline restant nettement dans le rouge). 

En dépit d’un climat social toujours tendu, un nouvel élan est même trouvé en 2014, ce qui motive le conseil d’administration à valider un plan d’investissement ambitieux à l’horizon 2020, qui passe notamment par un renouvellement de sa flotte