Le projet retenu est finalement celui du bureau de Jean-Michel Wilmotte, une tour très compacte et beaucoup moins haute qu’initialement envisagée. (Photo: Edouard Olszewski)

Le projet retenu est finalement celui du bureau de Jean-Michel Wilmotte, une tour très compacte et beaucoup moins haute qu’initialement envisagée. (Photo: Edouard Olszewski)

Dès le début, les choses s’emmanchent mal. Les conditions exigées par ArcelorMittal et validées par le Fonds Kirchberg pour participer à la consultation d’architectes (février 2017) excluent d’emblée la possibilité pour un bureau luxembourgeois de prendre part à la compétition. Personne dans le pays n’a un bureau qui peut annoncer «un effectif total minimal de 100 personnes dont au moins 80 architectes diplômés» comme il est exigé dans les conditions de participation de la consultation. Le plus gros bureau, celui de Jim Clemes, culmine à 63 employés.

De ce fait, les bureaux locaux perdent une occasion intéressante de participer à la conception d’un bâtiment emblématique pour le pays, et l’opportunité de construire une belle référence qui aurait pu ouvrir la porte à d’autres projets de même envergure à l’international. L’Ordre des architectes et des ingénieurs-conseils (OAI) a fait une lettre ouverte au Premier ministre en mars 2017, courrier qui souligne ce fait.

En 2e phase, en avril 2017, trois bureaux sur les huit initialement retenus sont sélectionnés pour affiner leur projet: Wilmotte & Associés, OMA (fondé par Rem Koolhaas), Foster + Partners. Point de Sanaa, Herzog & De Meuron, Snøhetta, BIG, etc., qui auraient pu porter un vent nouveau sur le plateau du Kirchberg.

Initialement annoncé pour septembre, le lauréat ne sera finalement dévoilé que le 13 décembre. Pas d’explication officielle sur ce retard. Soit, on peut encore comprendre qu’une décision de cet ordre puisse prendre du temps.

Compacité et enclavement

Le projet retenu est finalement celui du bureau de Jean-Michel Wilmotte, une tour très compacte et beaucoup moins haute qu’initialement envisagée. Ce point a été justifié par le fait que l’utilisation de planchers techniques permet de gagner de l’espace de dalle et qu’on peut construire autant d’étages, mais avec moins de hauteur. Reste tout de même l’impression de compacité. Autre point, le communiqué de départ précisait bien: «structure et enveloppe en acier». Pour la structure, je vois bien l’exosquelette. Mais où est l’enveloppe en acier? Personnellement, je ne la vois pas. Par contre, je vois une tour avec beaucoup de verre.

Ce que je ne vois pas non plus, c’est le lien avec le territoire du Kirchberg, une liaison sensible avec l’avenue. Je ne parviens pas à être convaincue par ce grand parvis minéral en pan incliné ni par ce socle en retrait. Oui, le pied du bâtiment est à une échelle plus «humaine», mais l’ensemble semble encore bien massif, malgré la volonté de transparence avec le verre et le travail facetté des façades. Où est la réflexion sensible au niveau urbanistique?

Je ne suis pas convaincue non plus par la proposition de passerelles suspendues au-dessus de l’atrium planté. Je doute fortement sur le fait que le quidam osera passer le seuil de l’immeuble d’ArcelorMittal pour traverser l’immeuble par l’intérieur et retrouver la rue du Fort Thüngen à l’arrière, qui aurait pu, par cette occasion, être désenclavée et reliée plus fortement à l’avenue.

Par contre, je suis convaincue par le placement de produits réalisés par ArcelorMittal. Une belle opération marketing! Une vitrine de taille XXL pour l’acier produit localement et la recherche et développement menée par les équipes de l’industriel. Mais il reste quand même un goût amer, l’impression d’un rendez-vous manqué…