Pierre Thein: «Une approche innovatrice globale et pratique nous a permis de fortifier notre position et de développer de nouveaux marchés.» (Photo: Olivier Minaire / archives)

Pierre Thein: «Une approche innovatrice globale et pratique nous a permis de fortifier notre position et de développer de nouveaux marchés.» (Photo: Olivier Minaire / archives)

Monsieur Thein, pouvez-vous nous parler de votre première expérience professionnelle, de votre premier emploi? Et de ce qu’il vous a rapporté…

«En tant que project manager chez Lux-Development, j’ai eu la chance de débuter dans une société dynamique en pleine expansion et d’être encadré par un directeur ‘hors norme’. La planification et la mise en œuvre de grands projets dans des pays tel que la Namibie, le Vietnam, la Mongolie, le Laos ou encore la Tunisie m’ont énormément aidé à développer un style de management multifonctionnel et j’ai pu acquérir une expérience professionnelle très pratique dans une multitude de différents domaines.

Vous dirigez aujourd’hui le groupe Hein, spécialisé notamment dans les fours pour boulangerie, avec Ferdinand Hein. Comment envisagez-vous l’évolution de votre société? Où en sera-t-elle dans 15 ans?

«Les défis d’une PMI luxembourgeoise telle que la nôtre ayant un taux d’export de 99% sont multiples et très complexes en raison d’une baisse en Europe du nombre de nos clients – des boulangeries – de 5% par an, d’une restructuration très rapide du marché des boulangeries et d’une concurrence internationale très agressive sur nos marchés clés avec des prix de vente en chute libre.

Mais c’est un beau défi pour une PMI qui a l’avantage de la flexibilité et la rapidité de réaction ainsi qu’un know-how technique se basant sur 130 années d’activités de ce secteur.

Avec des nouvelles stratégies développées, il nous a été possible de nous assurer une croissance de 5% par an. Les trois piliers de cette stratégie d’innovation se basent sur l’innovation technique et stratégique de nos produits (trois nouveautés mondiales en six ans), l’innovation dans le processus de la production au Luxembourg (plus de 7 millions d’euros investis) et l’innovation dans le marketing et la publicité

Il faut dire que cette approche innovatrice globale et pratique nous a permis de fortifier notre position et de développer des nouveaux marchés et ceci dans une phase de crise très développée de notre secteur en pleine phase de récession en Europe.

Via d’importants investissements réalisés en 2011 et 2012, nous avons clairement voté contre une délocalisation vers l’étranger et de continuer la production de fours ‘made in Luxembourg’ à long terme. D’un point de vue global, nous sommes convaincus que le maintien des PMI productrices au Luxembourg est une base essentielle pour le développement prospère d’un pays de l’Union européenne. Le gouvernement a une grande responsabilité dans le futur afin de contribuer positivement à cette évolution.

Qu’avez-vous retenu de l’actualité de ces derniers jours? Quel événement vous a plus particulièrement marqué? Et pourquoi?

«Naturellement, la grande problématique des refugiés est une de mes grandes préoccupations dans l’actualité, en soulignant que je regarde cette problématique avec un autre angle, basé sur mes expériences professionnelles que j’ai pu acquérir lors de mon premier job dans les pays en voie de développement voire pays ‘de crise’. Il faut avoir vécu dans ces pays pour mieux comprendre les aspects très complexes de cette problématique qui est souvent mal perçue par la majorité des gens.

Cette nouvelle vague de réfugiés importante démontre à nouveau que notre planète est devenue toute petite et que les frontières théoriques et les ‘grandes distances’ entre pauvreté extrême et richesse se minimisent.

La pauvreté énorme dans ces pays et les conflits violents récents catalysent fortement ce processus de fuite ‘vers l'Europe’.

La problématique des réfugiés doit se résoudre en premier lieu dans les pays, à travers une politique de développement plus efficace et par un changement de mentalité général.

Il faut aussi faire une différence distincte entre des réfugiés économiques et réfugiés de guerre, tout en ne pas se laisser tenter par les esprits ‘de racisme’ ou simplement faire un mélange entre religion et intégrisme.»