La curiosité n'a pas suffi. Luxsite n'a jamais vraiment trouvé son public. (Photo: DR)

La curiosité n'a pas suffi. Luxsite n'a jamais vraiment trouvé son public. (Photo: DR)

Luxsite, c’est le symbole de cette «nouvelle économie», porteuse de tant d’espoirs et aboutissant, au final, à un échec brutal. La société est pourtant bien née, puisque derrière cette concept internet 100% luxembourgeois, on trouve, ni plus ni moins, la Bil, l’Entreprise des P&T et l’Imprimerie centrale, qui décident, début 2000, de joindre leurs compétences financières, techniques, logistiques et marketing pour créer une plate-forme alliant à la fois le commerce électronique et des prestations de services dans le domaine du multimédia au Luxembourg.

Curieusement, si le lancement intervient en février 2000, ce n’est qu’en décembre que tout ce beau monde se retrouve devant le notaire Joseph Elvinger pour formaliser les statuts d’une société constituée avec un capital de 600.000 euros. Entre temps, un quatrième partenaire se met autour de la table: le groupe d’assurances Foyer, qui prend, comme les trois autres, 24,8% du capital. Le solde (soit 248 sur les 30.000 actions) est souscrit par Isabelle Marcy-Faber, directrice commerciale de son état, qui prend la direction du développement de la société. 

La quasi-totalité du capital est apportée en nature par les quatre principaux actionnaires, sous la forme d’études, de travaux et autres développements, matériel hardware et software, ainsi que les travaux du personnel directement affecté au projet de mise en place du site et dont les frais ont été supportés entre août 1999 et août 2000. 

5.500 membres en six mois

Luxsite, c’est à la fois un moteur de recherche, un contenu varié et d’actualité en continu et une large gamme de services complets, personnalisés, clé en main et à valeur ajoutée, et ce avec toute la sécurité et transparence requises. Les ambitions sont, dans un premier temps, de développer le commerce électronique au Grand-Duché puis de s’étendre à la Grande Région et à l’international. «Tout sous un même toit - pour tous les publics»: tel est le concept de base qui est proposé. 

La foire de printemps 2000, fin mai, permet à Luxsite de très vite proposer une nouvelle version déjà adaptée à l'évolution des attentes et aux exigences des internautes et commerçants, avec encore plus de fonctionnalités, un contenu plus riche et une structure qui facilite la navigation, le tout encadré par deux moteurs de recherche spécifiques, Rest’Online et Prom’Online, permettant de promouvoir les restaurants et les bonnes affaires commerciales. 

Fin septembre 2000, Luxsite revendique entre 900 et 1.100 visiteurs uniques par jour et quelque 5.500 membres.

L’évolution suivante arrive à l’automne 2001 avec une nouvelle version présentée comme « plus interactive et personnalisable », conçue avec la collaboration de Valoris, un consultant européen spécialisé en gestion de projets intégrés. Le site propose alors un programme de fidélité et d'affiliation, une messagerie, la création de communautés d'internautes, des jeux ou encore la mise en œuvre du profiling et de la personnalisation.

Liquidation volontaire

Mais en dépit d’ambitions légitimes, d’une communication intensive et de l’apport de quelques nouveautés technologiques, comme la Viewpoint Experience Technology permettant la visualisation d’objets en 3D, la sauce ne prend pas et Luxsite ne trouve pas vraiment son public, dans un contexte général de démarrage poussif en matière de commerce électronique. Il ne convainc pas non plus les commerçants qui ne sautent pas dans la brèche ouverte d’accéder à l’univers de la vente en ligne. 

Très rapidement, Foyer, la Bil (devenue Dexia-BIL) et l'Imprimerie centrale décident d’arrêter les frais et en décembre 2002, les actionnaires de Luxsite décident sa dissolution pure et simple. Une opération qui sera rondement menée puisque cette liquidation sera clôturée treize mois plus tard. 

Seuls les P&T gardent, un temps, la main sur le site et y proposeront quelques-uns de leurs produits. Mais Luxsite, peut-être trop en avance sur son temps, disparaît corps et âme. Le nom de domaine est pourtant toujours la propriété de l’opérateur historique…  

Quant à Isabelle Marcy-Faber, après avoir rebondi chez PricewaterhouseCoopers Luxembourg où elle est, pendant huit ans, responsable du département marketing & communication, elle rejoint en 2010 la Cour grand-ducale où elle est nommée responsable de la communication. Une position qu’elle occupe toujours.