Michèle Detaille invite les entrepreneurs-électeurs à être attentifs lors des prochaines élections. (Photo: Gaël Lesure / archives)

Michèle Detaille invite les entrepreneurs-électeurs à être attentifs lors des prochaines élections. (Photo: Gaël Lesure / archives)

Comme tout chef d’entreprise, je suppose et, je l’espère, comme tout citoyen, j’ai suivi avec attention le vote de la récente réforme fiscale. Importante pour l’équilibre durable des finances publiques, elle est un gage du développement économique, de la stabilité sociale du pays et de la durabilité de son modèle social.

Les débats m’ont laissée pantoise. Je connais suffisamment le monde politique pour ne plus m’étonner des inepties débitées par l’extrême gauche et par ceux qui à l’autre bout de l’échiquier politique tiennent des discours et défendent des positions tellement populistes qu’ils en perdent toute crédibilité auprès des électeurs éduqués.

Mais que le principal parti de l’opposition, dont le retour au pouvoir après les prochaines élections fait partie des scénarios plausibles, fasse preuve d’autant de légèreté et de démagogie m’a abasourdie!

Examinons trois points précis de cette réforme.

Tout d’abord, le système des stock-options et des warrants. Mise en place il y a quelques années par le CSV lui-même, cette taxation à faible taux, destinée aux dirigeants, fait partie de l’arsenal de mesures qui assurent la compétitivité fiscale du pays, son attractivité et la rétention des talents dont les entreprises ont besoin. Il y a eu des excès dans son application. Le gouvernement actuel a pris des mesures pour éviter ces abus et le secteur s’est discipliné dans l’application de cet instrument. Lors du récent débat au Parlement, le CSV a proposé la suppression pure et simple du système. Quel manque de sérieux! Au-delà de l’incohérence politique et de la préconisation de mesures inadaptées (est-ce que, parce qu’il y a des abus dans la perception des indemnités de chômage, on pense à en supprimer le droit?), voilà que se profile chez nous le spectre de l’insécurité juridique avec la remise en cause officielle par le principal parti de l’opposition d’un des atouts de la Place dans l’attraction des hautes qualifications que ce parti a lui-même inventé?

La sécurité juridique est un des éléments attractifs du Luxembourg pour les entreprises étrangères, mais aussi pour le développement des entreprises qui y ont leur siège.

Michèle Detaille, groupe Alipa

La sécurité juridique, tout le monde le sait, est un des éléments attractifs du Luxembourg pour les entreprises étrangères qui envisagent de s’y installer, mais aussi pour le développement des entreprises qui y ont leur siège, de surcroît à un moment où nos pays voisins mettent les petits plats dans les grands pour attirer les cadres dirigeants et entreprises cherchant des alternatives à la suite du Brexit.

Un autre exemple?

Dans un souci de justice sociale, le gouvernent actuel, sous l’impulsion, je suppose, de son aile gauche, a porté le taux d’impôt sur le revenu à 41% à partir de la tranche de revenu de 150.000€ et à 42% à partir de 200.000€. Soit.

Et voilà que sur ce dossier, on trouve un CSV plus à gauche que la gauche! Pour le parti chrétien-social, qui compte encore nombre de partisans dans les milieux dirigeants, il faut taxer à 41% à partir de 125.000€ au lieu de 150.000€ et à 42% à partir de 150.000€ au lieu de 200.000€.

Pas vraiment le bon plan pour un pays qui veut attirer des salariés hautement qualifiés!

Enfin, un dernier exemple: le CSV, et c’est louable, tient à l’équilibre budgétaire, mais pendant le débat sur la réforme fiscale, il propose de passer le barème en dessous duquel on ne paye pas d’impôt de 11.265€ à 12.000€. Cette mesure démagogique aurait un coût tellement élevé qu’elle mettrait en péril les finances de l’État. 

Alors, mesdames et messieurs les entrepreneurs et dirigeants d’entreprises, vous qui portez la responsabilité du développement économique du pays, soyez vigilants lors des prochaines élections, car les partis, comme les entreprises, évoluent.