En décidant, en fin de semaine dernière, de mettre fin aux engagements américains pris par Barack Obama en décembre 2015 lors de la signature de l’accord de Paris sur le climat, Donald Trump poursuit sa politique isolationniste. Et réduit à néant les promesses de réduction des émissions de CO2 du deuxième plus gros pollueur de la planète, qui s’était fixé un objectif de réduction compris «entre 26 et 28%» d’ici 2025 par rapport à 2005. En 2015, les États-Unis représentaient à eux seuls 15% des émissions mondiales, juste derrière la Chine (29%).

Justifiée par «la défense des emplois américains et de la relance de l’économie», cette décision ne met pourtant pas fin à l’accord de Paris, paraphé par plus de 190 pays, mais complique quelque peu la réalisation des objectifs définis. En l’occurrence, la promesse de la communauté internationale de maintenir le réchauffement climatique «bien en dessous de deux degrés» par rapport au niveau préindustriel d’ici à 2100 et de «poursuivre l’action menée pour limiter la hausse des températures à 1,5 degré». Selon les estimations des experts du Groupement d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, la hausse de la température moyenne à la surface de la Terre d’ici la fin du siècle pourrait être comprise entre 0,3 et 4,8°C en fonction de la quantité des émissions de gaz à effet de serre. Des estimations basées notamment sur l’observation de l’évolution des températures au cours des 140 dernières années.

Selon ces données, 2016 décroche donc le titre d’année la plus chaude sur Terre. Du moins, celle dont la température moyenne de surface des continents et des océans est la plus élevée depuis le début des relevés. C’est la troisième année consécutive qu’un tel record est établi. Pour tenter de mieux appréhender le phénomène au niveau global, ces données ont été mises en images par la Nasa dans une représentation des zones les plus touchées.

À en croire les simulations de différentes équipes de chercheurs, la non-application par Washington de l’accord de Paris pourrait se traduire par l’émission de trois milliards de tonnes d’équivalent CO2 par an d’ici 2030, ce qui ferait alors du pays le responsable d’une hausse des températures comprise entre 0,1 et 0,3°C. Outre un signal négatif envoyé aux pays en voie de développement de la part de l’actuelle première puissance mondiale, la décision de Donald Trump va avoir des conséquences sur le plan financier. Notamment du côté de l’Union européenne et des autres pays riches engagés, à l’exception notable de la Russie – grand absent de l’accord de Paris –, qui doivent fournir une aide économique aux plus modestes à hauteur de «100 milliards de dollars (89,4 milliards d’euros) par an à partir de 2020».

Ratifié en octobre 2016, l’accord prévoit pour le Luxembourg un engagement qui s’élevait jusqu’à présent à «120 millions d’euros à destination du financement climatique international, dont 35 millions d’euros en faveur du Fonds vert pour le climat», selon le rapport annuel 2015 de la Coopération luxembourgeoise au développement. Interrogée par Paperjam, Carole Dieschbourg (Déi Gréng), ministre de l’Environnement, avait indiqué fin mai que la décision du président américain ne devrait cependant pas impacter les accords passés avec «certaines régions des États-Unis (…) très engagées» dans ce domaine.

La Chine à la pointe des énergies renouvelables

Une référence directe à la Californie, État non seulement le plus peuplé, mais aussi le plus écologique des États-Unis, ou aux États de New York et de Washington. À noter par ailleurs que le repli américain ouvre la voie à l’émergence de nouvelles alliances, dont celle de l’Union européenne et de la Chine. Cette dernière doit notamment permettre à ces deux acteurs majeurs de l’économie mondiale de tirer leur épingle du jeu dans un monde en pleine mutation énergétique.

Car si l’Empire du Milieu apparaît en tête du classement des pays les plus pollueurs au monde, il est également leader en termes de production d’énergies renouvelables. Longtemps frileuses sur cet aspect, les autorités chinoises ont fait de cette question une priorité nationale puisqu’elles prévoient d’investir pas moins de 361 milliards de dollars (321,4 milliards d’euros) d’ici 2020 dans la production d’électricité à base de renouvelable. Avec à la clé plus de 10 millions de nouveaux emplois.

Une donnée qui n’a pas non plus échappé aux Européens et aux Américains opposés à la décision de Donald Trump. Selon les perspectives de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables, publiées dans son rapport annuel 2017, le secteur qui emploie actuellement 9,8 millions de personnes à travers le monde devrait voir ses effectifs plus que doubler d’ici 2030 avec une projection de 24 millions d’emplois. Autrement dit, un secteur synonyme de croissance pour les États ou les zones économiques qui seront capables de s’adapter rapidement à la transition énergétique. C’est dans ce contexte que Bruxelles et Pékin ont publié, le 2 juin dernier, une déclaration commune sur le changement climatique dans laquelle ils s’engagent à mettre en œuvre l’accord de Paris. Et donc à tirer pleinement parti des opportunités économiques qui en découlent.