Eugène Berger souligne le rôle crucial de l'école dans cette question des langues. (Photo: Maison moderne / archives)

Eugène Berger souligne le rôle crucial de l'école dans cette question des langues. (Photo: Maison moderne / archives)

Le succès de la pétition 698 exprime un certain malaise qui doit être pris au sérieux par la politique. Le constat est fait, et il s’agit maintenant d’éclairer le débat.

Bien plus que le souhait de pouvoir s’adresser aux institutions européennes ou de pouvoir consulter notre législation en luxembourgeois, ne sommes-nous pas toujours encore en quête d’identité? Notre sentiment national est jeune, et tant l’histoire que l’identité du Luxembourg sont étroitement liées à sa langue et encore aujourd’hui sources de cohésion. Le sentiment qui se traduit par le grand nombre de signatures est-il donc si inédit?

Mais force est de constater que le luxembourgeois n’a jamais été autant utilisé qu’actuellement. Chose inimaginable il y a encore quelques années, le luxembourgeois écrit s’est même imposé comme langue véhiculaire dans les nouveaux médias: nos échanges par SMS, par courriels et nos publications sur les réseaux sociaux sont de plus en plus rédigés en luxembourgeois. De plus, la littérature et les productions médiatiques ou culturelles sont d’autres canaux de diffusion qui rendent à notre langue une visibilité de plus en plus importante. N’oublions pas que chaque enfant scolarisé au Luxembourg maîtrise en fin de parcours notre langue. La demande de cours pour adultes n’a jamais été aussi grande et même dans la Grande Région, l’enseignement du luxembourgeois a vu le jour.

Notre société n’est plus la même qu’il y a trente ans et c'est au sein de la population scolaire que cela s'observe le plus. Plus de la moitié des élèves ont comme langue maternelle une autre langue que le luxembourgeois. Pour éviter d’en faire un obstacle dans le développement scolaire des enfants, et plus tard professionnel, l’école a un rôle crucial à jouer. Le programme d’éducation plurilingue dans les crèches pour les enfants de 1 à 4 ans soutiendra davantage le développement linguistique des enfants tant en luxembourgeois qu’en français, afin de les préparer au mieux au contexte de la société multilingue qui est la nôtre.

Mais dans quelle mesure le luxembourgeois doit-il s’affirmer face aux autres langues pour garantir sa survie? Le luxembourgeois est et restera la langue d’intégration au Grand-Duché. Mais veillons à ne pas en faire une langue d’exclusion. La promotion de notre langue ne peut pas se faire aux dépens du plurilinguisme. Car c’est justement ce plurilinguisme qui fait la richesse et la force de notre pays. Socialement, culturellement et économiquement parlant, notre succès repose sur la capacité de jongler avec plusieurs langues. Notre plurilinguisme est unique au monde, soyons-en donc conscients et fiers aussi.