Stéphane Pauletto: «J’aime comparer l’aventure entrepreneuriale avec la course automobile.» (Photo: DR)

Stéphane Pauletto: «J’aime comparer l’aventure entrepreneuriale avec la course automobile.» (Photo: DR)

Monsieur Pauletto, vous dirigez aujourd’hui Shine a light, agence de communication événementielle. Quels sont vos arguments pour convaincre plus de monde à devenir entrepreneur?

«L’entrepreneuriat est une aventure incroyable qui m’a permis du jour au lendemain de devenir acteur de mon propre destin sans plus devoir dépendre d’autres personnes pour choisir l’orientation et le rythme de ma vie professionnelle. C’est une sensation de liberté où l’exposition aux risques et aux opportunités quotidiennes donne la sensation grisante de vivre intensément et font de chaque journée une aventure motivante.

Entreprendre, c’est avant tout le plaisir de pouvoir faire naître un projet imaginé en s’appuyant sur son expérience, son caractère, une vision personnelle du marché et de le modeler selon ses envies sans avoir peur de l’échec.

Le côté polyvalent que nécessite la gestion d’une entreprise permet de toucher à tous les domaines d’activités et donne du rythme au travail quotidien.

C’est aussi très gratifiant de voir que chaque action ou décision, aussi minime soit-elle, contribue à bâtir son entreprise, à en définir l’ADN et le positionnement.

De nature exigeant et minutieux, j’aime comparer l’aventure entrepreneuriale avec la course automobile où il faut sans cesse faire évoluer son moteur (outil de travail) à l’aide de nouvelles techniques, de processus rodés, étudier l’environnement, pour atteindre des résultats. C’est une éternelle remise en cause pour délivrer de la performance.

Entreprendre c’est aussi le plaisir de voir grandir ses idées, de créer de la valeur ajoutée tous les jours pour des clients dont la satisfaction est ma préoccupation essentielle.

L’entrepreneuriat, c’est pour moi une aventure humainement très enrichissante dont la clé consiste à savoir s’entourer des bonnes personnes, savoir leur faire confiance, savoir jouer un rôle motivationnel pour qu’elles puissent s’épanouir et développer un sentiment de fierté au sein de l’entreprise, car on ne développe pas une entreprise tout seul.

Quelle proposition concrète voudriez-vous formuler au gouvernement pour favoriser l’émergence de nouvelles entreprises au Luxembourg?

«Le souvenir que je garde de la création de Shine a light est un processus assez long et complexe au niveau des procédures juridiques et administratives. Même si ces étapes laborieuses m’ont semblé nécessaires pour mettre à l’épreuve ma motivation d’entreprendre, je retiendrais trois axes d’amélioration potentiels sur lesquels le gouvernement pourrait intervenir.

Il faudrait tout d’abord améliorer la rapidité du processus de création. À l’heure actuelle, les démarches pour la validation des formulaires étatiques, les actes juridiques et le rassemblement des pièces justificatives pour la création d’une entreprise, prennent plus ou moins 2 mois.

Ensuite, il conviendrait de faciliter l’accès au financement. Car il ne faut pas se leurrer, même avec un excellent projet d’entreprise et un dossier en béton, il est très difficile de trouver un établissement bancaire qui accepte de financer son projet sans garanties financières tangibles ou un apport personnel conséquent. Par exemple, la mise en place de produits financiers favorisant la création des jeunes entreprises au Luxembourg et offrant des faveurs fiscales aux souscripteurs pourrait être un signe encourageant.

Enfin, je citerais encore la domiciliation du siège de l’entreprise. Comme il n’est pas possible de créer une entreprise sans avoir un siège social et réciproquement qu’aucun contrat de bail pour un local commercial ne peut être émis sans numéro RCS, l’entrepreneur qui crée son entreprise pour la première fois se retrouve dans une impasse pour débuter, à moins de devoir établir sa société à son domicile. Le gouvernement devrait légiférer pour simplifier cette procédure incohérente.

Qu’avez-vous retenu de l’actualité de ces derniers jours? Quel événement vous a plus particulièrement marqué? Et pourquoi?

«Au-delà du climat social ambiant délétère, de la question des migrants et des attentats omniprésents qui m’affectent particulièrement, je retiendrais la création le 15 juin 2016 de l’Internet Creators Guild, véritable syndicat des youtubeurs et créateurs du net de tous poils.

Cette organisation à but non lucratif vise à défendre les intérêts des créateurs de contenus dans la jungle de Youtube et d’autres plateformes de réseaux sociaux. À titre d’exemple, Youtube abrite aujourd’hui plus de 37.000 chaînes qui dépassent le million de vues mensuelles. La création de cette organisation est une sorte de reconnaissance officielle de statut professionnel à ces personnes qui diffusent massivement du contenu vidéo sur le web et sont devenues pour certains de véritables influenceurs.

C’est aussi un marqueur temporel de l’explosion du paysage médiatique mondial où chaque consommateur de contenu sélectionne désormais à la carte ce qu’il souhaite voir. Cet écosystème qui grandit à une vitesse incontrôlable témoigne d’un bouleversement des médias traditionnels et des modes de consommation. Si l’on ajoute à ce pouvoir que représente internet la technologie émergente de diffusion de contenu vidéo (controversée) en live (Facebook, Périscope, etc.), on obtient un cocktail inquiétant dont les limites morales deviennent difficiles à définir.»