Après plusieurs mois de questionnement, le gouvernement aura finalement tranché en décembre 2015. L’e-cigarette sera bel et bien assimilée à une cigarette classique et de ce fait bannie des lieux publics à compter du 20 mai 2016. À cette date, qui correspond à la limite de transposition d’une directive européenne sur les produits du tabac, les consommateurs de cigarette électronique ne pourront plus vapoter dans les bars, restaurants et autres aires de jeux. Cette décision, validée en conseil de gouvernement, est défendue par le ministère de la Santé en vertu des «principes de précaution et de prévention» car «le liquide contenu dans les cigarettes électroniques libère des produits potentiellement dangereux, voire cancérigènes».

Selon les chiffres 2015 de l’étude de la Fondation cancer sur le tabagisme, les consommateurs de cigarette électronique restent minoritaires puisqu’estimés à 5.000 personnes au Grand-Duché. Soit 5% des 98.490 résidents qui se déclarent fumeurs, qu’ils soient réguliers ou non. Une donnée qui pousse l’organisme en charge de la lutte contre le cancer à qualifier cette consommation de «phénomène assez marginal» dans son analyse, comme il l’avait fait en 2014 où le nombre d’adeptes du vapotage atteignait alors 9.140 personnes. À en croire les données de la Fondation cancer, quelque 4.000 personnes auraient donc stoppé leur consommation de cigarette électronique, sans toutefois que les raisons de cette évolution ne soient précisées. Seule précision apportée, l’association pour la majorité des fumeurs entre la cigarette électronique et la cigarette classique.

Au-delà de l’e-cigarette, la nouvelle tendance qui inquiètent de plus en plus les responsables sanitaires à travers le monde se nomme chicha. Selon l’«Atlas du tabac» de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), «une simple bouffée de narguilé est presque égale au volume de fumée inhalée avec une cigarette» et «une simple séance de chicha peut correspondre à fumer 20 ou 30 cigarettes». Au Luxembourg, près d’un quart des fumeurs (23,8%) se sont laissés tenter par la chicha, dont une majorité d’adolescents. Selon la Fondation cancer, 24% des 15-24 ans ont consommé du tabac en 2015 de cette manière. Contre 20% en 2014. Autrement dit, un passage en un an de 18.290 à 23.450 adeptes.

Parmi les éléments mis en avant par les experts nationaux et internationaux pour expliquer cette tendance, la présence d’arômes sucrés dans le tabac dont les 15-24 ans sont particulièrement friands. Ce qui explique également le succès grandissant de la e-chicha, nouvelle tendance émergente en Europe et aux États-Unis. Or, selon les conclusions d’une étude récente du Deutsches Krebsforschungszentrum, équivalent allemand de la Fondation cancer, ces produits aromatisés contiennent des substances toxiques qui amènent les autorités sanitaires allemandes à indiquer qu’«il existe un risque pour la santé (…) en particulier pour les enfants et les adolescents».