L’annonce de la disparition d’Anne Grommerch vendredi dernier a stupéfié la ville. Si son cancer était connu – elle le combattait depuis 2007 -, l’aggravation de son état de santé n’avait pas transparu ces derniers temps. Les nombreux messages de condoléances et de soutien à sa famille sur les réseaux sociaux démontrent quelle place elle avait prise au sein des Républicains en Lorraine et en France.
C’est la deuxième fois que la droite thionvilloise se trouve prise de court par le décès d’un élu. En 2008, Jean-Marie Demange, maire déchu et député depuis 22 ans, se suicide après avoir tué son ancienne compagne. Un drame qui avait secoué la ville dont l’homme avait été maire pendant 13 ans. C’est à cette période qu’Anne Grommerch dut prendre sa succession à l’Assemblée nationale sans y être préparée et alors qu’elle travaillait comme directrice des ventes pour Coca-Cola au Luxembourg.
«Jean-Marie Demange lui avait dit: ‘Ne t’inquiète pas, tu ne deviendras pas députée, je vais vivre vieux’», se souvient un ex-collaborateur cité par Loractu.fr. «Rapidement, elle a dû assurer l’intérim dans la circonscription dans un contexte dramatique qui avait laissé la ville sans voix.»
Anne Grommerch avait rapidement pris la mesure de ses nouvelles fonctions, obtenant sa réélection comme députée en 2012 et arrachant la mairie au socialiste Bertrand Mertz en 2014. Le climat demeurait tendu entre les deux camps, l’élection ayant été annulée par le Conseil d’État en raison d’un tract accusateur distribué à la veille du scrutin. Anne Grommerch avait remporté la municipale de 2015, mais son adversaire a de nouveau mis en cause des irrégularités qui sont toujours examinées par la justice.
Le siège de député attend preneur
C’est le premier adjoint Pierre Cuny qui devrait prendre les rênes de la ville et de l’agglomération Thionville Portes de France dont il était premier vice-président. L’homme est un fidèle d’Anne Grommerch, issu comme elle du privé. Ce médecin de 59 ans, qui a rejoint la politique en 2006, a failli raccrocher à la mort de Jean-Marie Demange. C’est sa rencontre avec Anne Grommerch qui l’a convaincu de rempiler.
«Entre nous, le courant est tout de suite passé», décrit Pierre Cuny, dont l’hebdomadaire mosellan La Semaine avait publié un portrait dans un article d’août 2015. «J’ai découvert une femme qui elle aussi découvrait le monde politique, quelqu’un de pragmatique, avec une approche différente du reste de la classe politique. J’ai aimé sa candeur, son regard, son parcours. Les politiques, vous les connaissez: ils disent A en pensant B pour obtenir C. Anne Grommerch, elle, quand elle dit A c’est A et quand elle dit B c’est B. On se ressemble beaucoup là-dessus. Je le lui ai encore dit récemment: ‘Toi et moi, on n’a pas le même gène politique que les autres’.»
Le chef du service endocrinologie-diabétologie-nutrition du Centre hospitalier régional Metz-Thionville avait aussi confié à l’époque: «Tant qu’Anne (Grommerch) sera là, je serai à ses côtés. Pour le reste, tout ce que je sais, c’est que si un jour j’estime nécessaire de briguer un mandat politique pour débloquer une situation, je n’hésiterai pas une seconde.»
Quant à la fonction de député qu’endossait également Anne Grommerch, la succession s’annonce plus délicate. Son suppléant, qui devrait la remplacer, n’est autre que Patrick Weiten, président du Conseil départemental de Moselle et, depuis janvier dernier, vice-président de la région Grand Est. Or la loi l’interdit de cumuler deux mandats locaux et un mandat de parlementaire. Son entourage a indiqué mardi à Paperjam.lu qu’aucune décision n’avait encore été prise. L’intéressé devrait se prononcer dans les prochains jours, en tout cas après les funérailles d’Anne Grommerch prévues mercredi à Thionville.