Légale et socialement acceptée, la consommation d’alcool reste fortement ancrée dans les habitudes des résidents. Un phénomène tellement commun que les études scientifiques sur le sujet sont non seulement peu nombreuses, mais également récentes, la première remontant à 2005. Avant, les chiffres présentés illustrent les ventes d’alcool effectuées sur le sol luxembourgeois et non la consommation des résidents.

Ainsi, selon l’Organisation mondiale de la santé entre le début des années 1960 et le milieu des années 1970 – époque où le nombre d’établissements vendant de l’alcool était plus important –, le Grand-Duché aurait écoulé l’équivalent de 20 litres d’alcool pur par an et par habitant. Des données d’autant plus étonnantes que l’organisme international a effectué ses calculs «en utilisant la moyenne de consommation en France et en Allemagne comme estimation de la consommation réelle», son objectif n’étant pas «de produire un nombre exact de ventes d’alcool (…), mais d’estimer les conséquences sanitaires sur la population luxembourgeoise».

Les études dédiées à cette question présentent, quant à elles, des données plus cohérentes, tablant sur une consommation de 13,3 litres en 2005 et de 11,1 litres en 2016, selon les dernières données disponibles. Si le Luxembourg n’apparaît pas comme l’un des plus gros consommateurs, bien loin des 18,2 litres absorbés par les résidents de Lituanie, le pays possède tout de même un fort attachement culturel à l’alcool. Preuve en est non seulement l’âge médian de la première consommation alcoolisée – situé peu avant 16 ans – mais aussi la fréquence de consommation. Si près de 10% des résidents reconnaissent boire un verre tous les jours – niveau proche de la moyenne européenne de 9,2% –, ils sont quatre sur dix à le faire au moins une fois par semaine. Contre trois Européens sur dix.

Si l’explication du phénomène trouve en partie son origine dans le besoin de décompresser après une semaine de travail dense, ce comportement aboutit dans certains cas à des abus, dont des épisodes d’alcoolisation excessive, plus connus sous le nom de binge drinking. À savoir l’absorption d’au moins cinq boissons alcoolisées lors d’une même occasion, qu’il s’agisse d’une fête, d’un repas entre amis ou d’une consommation solitaire. Selon les dernières données européennes disponibles, datées de 2016, ces comportements sont bien plus fréquents au Grand-Duché que dans le reste de l’Europe, ce qui est notamment lié à la présence d’une importante communauté de nouveaux arrivants, souvent désireux de socialiser dans leur pays d’accueil dans un contexte festif.

Sans surprise, les hommes sont plus concernés par ce phénomène que les femmes, puisque sur les 4.000 personnes interrogées au Luxembourg, 17% d’entre eux reconnaissent boire d’une manière excessive au moins une fois par semaine. Contre 5,4% des femmes. Responsable d’un accident mortel sur sept et de 30% des accidents graves en 2016, selon le bilan 2016 de la police, soit la deuxième cause d’accident derrière la vitesse, l’abus d’alcool ne concerne bien évidemment pas les plus jeunes. Les plus de 55 ans sont notamment touchés par le phénomène de consommation «nocive et dangereuse». À savoir l’absorption quotidienne d’une dose d’alcool pur supérieure à 20 grammes pour une femme et 40 grammes pour un homme. L’équivalent d’au moins deux verres par jour pour les premières et de quatre verres pour les seconds.

Si malgré tout la consommation totale d’alcool tend à se réduire, il reste encore un aspect du phénomène où le Grand-Duché tire son épingle du jeu. Celui de la valeur du budget annuel des ménages pour ce type de produit. En 2016, chaque ménage dépensait en moyenne 800 euros en boissons alcoolisées, contre 100 euros pour la Grèce ou la Bulgarie. Un chiffre élevé, mais qui, rapporté aux revenus globaux, ne représente «que» 2,5%. Bien loin de la part du budget consacrée à ce poste de dépense en Estonie (5,6%), en Lettonie (4,8%) ou en Lituanie (4,2%). À titre de comparaison, la moyenne européenne se situe à 1,6%.