Philippe Ledent, senior economist ING Belux. (Photo: ING Belux)

Philippe Ledent, senior economist ING Belux. (Photo: ING Belux)

Les dernières semaines n’ont pas été brillantes en matière d’indicateurs économiques européens. Les indices de confiance continuent de s’éroder, même s’ils sont encore à des niveaux compatibles avec une croissance positive. Par ailleurs, avec une croissance de 0,2%, par rapport au trimestre précédent, au troisième trimestre de 2018, on ne peut pas dire que l’économie de la zone euro soit extrêmement dynamique. En Italie, l’activité a même stagné!

Alors que la plupart des prévisions économiques sont actuellement révisées à la baisse, les nouvelles prévisions de la Commission européenne étaient attendues avec impatience. Si la Commission a effectivement un peu abaissé ses prévisions de croissance pour la zone euro (elle attend à présent 1,9% de croissance l’année prochaine, contre 2,0% dans son édition précédente), on ne peut pas dire que le scénario économique ait été lourdement modifié. Pour obtenir une telle prévision de croissance, la Commission table en effet sur une croissance ininterrompue de 0,5% par trimestre jusque fin 2019. Ceci correspond donc à une accélération assez nette de la croissance par rapport au rythme de 2018, qui rappelons-le, n’a cessé de s’essouffler en cours d’année.

Dans le contexte actuel d’affaiblissement de la confiance, un tel scénario paraît franchement difficile à réaliser. Des éléments exceptionnels ont certes affaibli la croissance économique au troisième trimestre, et un rebond technique est attendu en fin d’année, mais il en faudrait plus pour maintenir un tel rythme en 2019.

On peut douter de la capacité de la zone euro à générer, dans le contexte actuel, une telle accélération.

Philippe Ledent, ING Belux

Pour qu’on le retrouve, il faudrait d’abord qu’aucun risque négatif ne se matérialise. On parle ici de l’impact potentiel de la forte dépréciation passée de certaines devises émergentes, de la confrontation entre le gouvernement italien et la Commission européenne sur le budget, ou encore du Brexit. Par ailleurs, il faudrait que la bonne santé de l’économie américaine se prolonge en 2019, alors même que l’effet des impulsions passées va s’estomper et que les hausses de taux de la Fed risquent de la ralentir. Mais soit, imaginons que tout se passe bien à ce niveau-là.

Même dans ce cas, on peut douter de la capacité de la zone euro à générer, dans le contexte actuel, une telle accélération. Il faudrait alors imaginer un nouveau choc positif, qui inverserait la tendance actuelle: une initiative européenne pour donner une impulsion budgétaire coordonnée, une baisse drastique du prix du pétrole, ou encore l’arrêt des velléités protectionnistes qui émergent de toutes parts. Il faudrait enfin surmonter l’obstacle du manque de main-d’œuvre qualifiée en zone euro, que de nombreuses entreprises signalent comme un obstacle à leur croissance. 

En conclusion, on peut certes se réjouir que la Commission conserve des prévisions à ce point positives pour 2019. Mais seules des conditions très favorables (qu’il est à mon sens trop optimiste de considérer) permettront qu’elles se réalisent.