Institution historique s’il en est, la Bil est l’une des deux plus anciennes banques du pays, se disputant le statut de «LA» plus ancienne avec la Banque et caisse d’épargne de l’État (BCEE). En se basant sur la date «légale» de création, c’est la Spuerkeess qui l’emporte, instituée par la loi du 21 février 1856.

L’arrêté grand-ducal de création de l’Internationale Bank Luxemburg, première appellation officielle de la Banque internationale à Luxembourg, ne fut pris que 16 jours plus tard, le 8 mars 1856. Mais sur le terrain, c’est la Bil qui, la première, ouvre ses guichets à son siège de la rue Notre-Dame, le 31 juillet 1856, alors que les premiers clients de la BCEE doivent attendre la mi-août.

Évolution au fil de l’Histoire

Créée à l’origine avec des capitaux allemands – le Luxembourg bénéficiant alors des facilités du «Zollverein», l’union douanière établie avec les états germaniques -, la Bil possède à son démarrage un capital réel de 6 millions de francs de l’époque. Les principaux actionnaires fondateurs sont les grandes familles de financiers du milieu du XIXe siècle: Erlanger (40%), Oppenheim ou Schaaffhausen'scher Bankverein (16% chacun).

Les ressorts capitalistiques suivent ensuite l’évolution de l’Histoire, puisqu’au lendemain de la Première Guerre mondiale, la Banque de Bruxelles et la Banque de l’Union parisienne prennent une participation dans la Bil. En 1926, une banque allemande s’invite également dans le tour de table: la Dresdner Bank.

Acteur majeur de l’expansion économique du pays, la Banque internationale est l’une des institutions fondatrices de la Bourse de Luxembourg (en 1929) et acquiert, au fil des ans après la Deuxième Guerre mondiale, plusieurs participations stratégiques dans des sociétés-clés telles que Luxair ou la Compagnie luxembourgeoise de télédiffusion (CLT, devenue RTL Group). C’est également elle qui agit, en 1963, en tant que principale banque émettrice de la première euro-obligation introduite en Bourse de Luxembourg pour le compte de la société nationale italienne des autoroutes (Autostrade).

Rien de vraiment marquant n’intervient ensuite jusqu’en 1991, lorsque le Crédit communal de Belgique (CCB) devient le principal actionnaire de la Bil, en rachetant les parts de la Banque Bruxelles Lambert et de Pargesa. Cinq ans plus tard, l’alliance de CCB avec le Crédit local de France donne naissance au groupe Dexia. La Bil, filiale à 61%, devient le pôle international d’excellence en matière de banque privée.

Du Top 3 au Top 20 des principaux employeurs

En 1999, le groupe Dexia lance une OPA sur les titres de la banque luxembourgeoise détenus par le public et porte ainsi sa participation à près de 99%. Ainsi naît Dexia Bil, dont le nom sera officiellement utilisé à partir de mai 2000.

La crise «post-subprime» de 2008 marque un tournant majeur dans l’histoire contemporaine de la banque, avec un premier sauvetage des États français, belge et luxembourgeois pour recapitaliser Dexia. En 2011, la seconde vague de la crise de la dette fait exploser le groupe, alors démantelé. La Bil tombe l’année suivante dans le giron du holding qatarien Precision Capital, actionnaire à 90% (le reste pour l’État luxembourgeois) alors que la filiale de services financiers RBC Dexia Investor Services, partagée à parité avec Royal Bank of Canada, est reprise intégralement par cette dernière.

La sortie de RBC du périmètre de Dexia influe évidemment sur le «poids» social de la banque au sein de l’économie luxembourgeoise. Devenu troisième employeur du pays en 2011 avec un total de 3.640 salariés, le «groupe» retombe brutalement à la 10e place avec 2.100 employés en 2012.

Débarrassée d’un passé douloureux et chaotique, la Bil repart du bon pied et lance, en 2015, son plan stratégique Bil 2020. Avec, comme président du conseil d'administration, un certain Luc Frieden, ancien ministre des Finances, qui était en fonction lorsque la Bil fut sauvée en 2011-2012.

Objectif du plan Bil 2020: «renforcer sa position de banque multimétiers de référence en matière d’innovation et d’orientation client, au Luxembourg et sur un nombre défini de marchés à l’international», comme l’a expliqué la banque lors de la présentation de ce plan en avril 2015. Reste à savoir comment l’arrivée d’un nouvel actionnaire va influer sur le bon déroulement de ce plan qui en est donc à mi-parcours.