Jean-Claude Juncker a fini par rallier 26 des 28 chefs d’État européens autour de sa candidature. (Photo: Sven Becker / Archives)

Jean-Claude Juncker a fini par rallier 26 des 28 chefs d’État européens autour de sa candidature. (Photo: Sven Becker / Archives)

Le 25 mai 2014, dans la soirée, le CSV, principal parti d’opposition au niveau national, a pu savourer sa revanche. Avec 37,75% des votes obtenus aux élections européennes, il arrive largement en tête du suffrage. Le deuxième parti, Déi Greng, n’obtient, lui, que 15,01%. Le CSV enverra donc trois de ses représentants au Parlement européen, Déi Gréng un, tout comme ses partenaires de la coalition, le DP et le LSAP.

Échec pour la coalition au pouvoir depuis six mois au Grand-Duché? Partiel, oui. Mais pour beaucoup, le scrutin a aussi été biaisé par la candidature de l’ancien Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker (CSV) au poste de président de la Commission en cas de victoire du Parti populaire européen (PPE) au niveau des «Vingt-huit».

Le jeu des alliances

On sait aujourd’hui que c’est chose faite. Mais au lendemain du scrutin, la voie du Luxembourgeois vers Bruxelles n’était pas encore clairement dégagée. En cause, le jeu des alliances. En obtenant 213 sièges sur 751, le PPE a pris la main. Mais il devait quand même compter sur le soutien des socialistes (191 sièges) et des libéraux (64) pour espérer pouvoir former une majorité confortable au Parlement.

«J’ai gagné les élections. Je ne me mettrai à genoux devant personne», a en tout cas lancé dès le 26 mai Juncker face à la presse internationale. Les négociations ont été âpres, mais peu à peu la grande majorité des chefs d’État européens, dont la chancelière allemande Angela Merkel, réticente dans un premier temps, se sont ralliés à sa candidature.

La voie se dégage

À la fin du mois de juin, en vue du sommet européen de Bruxelles, les choses se sont finalement décantées. Le 24 juin, le PPE passe un accord de majorité avec le groupe socialiste, qui lui permet déjà de passer le cap des 400 sièges. Il est finalement rejoint le 26 par l’ALDE (libéraux), ce qui lui permet une grande marge de manœuvre.

À Bruxelles, le 27 juin, au premier jour du sommet d’été, les chefs d’État proposent dès lors le Luxembourgeois au poste occupé depuis 10 ans par le Portugais José Manuel Barroso. 26 pays ont voté en sa faveur. Seuls le Hongrois Viktor Orban et le Britannique David Cameron, qui juge Juncker trop fédéraliste, ne l’ont pas soutenu.

Pour la première fois depuis la création de l’UE, c’est le candidat du Parlement qui obtient la fonction la plus en vue. Jusque là, la nomination du président de la Commission restait une prérogative du Conseil qui faisait l’objet d’un vaste marchandage entre intérêts nationaux.