François Tesch a piloté l’entrée en bourse du Foyer en 2000… et son retrait en 2014.  (Photo: Olivier Minaire / archives)

François Tesch a piloté l’entrée en bourse du Foyer en 2000… et son retrait en 2014.  (Photo: Olivier Minaire / archives)

Il aura fallu attendre près de 80 ans pour que l’un des fleurons de l’assurance au Luxembourg s’intéresse à la Bourse. Fondé en 1922, le groupe Le Foyer attend en effet l’année 2000 pour ouvrir son capital au public, à un moment où il revendique un ménage sur deux comme client et 38% des parts de marché dans le pays pour ce qui est des activités d'assurance non-vie. C’est le premier – et à ce jour le seul – acteur luxembourgeois du secteur à se faire coter.

François Tesch, petit-fils de Léon Laval (un des fondateurs) et neveu de Marc Lambert (alors président du conseil d’administration de Foyer Finance, la société faîtière), qui a pris les commandes de la société en 1985, souhaite insuffler un élan nouveau au Foyer en lui donnant une image plus ouverte, mais aussi en augmentant sa visibilité dans sa gestion et sa stratégie. 

Cette introduction en bourse lui en donne la possibilité, à une époque pour le moins porteuse: à la fin du siècle dernier, ils sont plusieurs à se lancer: SES à l’été 1998, suivi par Banque Degroof ou encore Utopia. La loi Rau d’incitation à l’investissement des particuliers dans des actions luxembourgeoises tourne encore à plein…

Mais dans le cas de Foyer, l’opération est aussi consécutive à un changement majeur intervenu dans son actionnariat fin 1999, avec le rachat des 34,77% du capital de Foyer Finance, alors détenu par le groupe d’assurances français Axa. 

Un intérêt immédiat

À la fin du printemps 2000, l’offre publique de vente est lancée et concerne un total de 1,6 million de titres, soit 18% du capital, proposés dans le cadre de deux placements simultanés: une offre publique de vente de 580.000 titres destinés aux investisseurs particuliers au Luxembourg et un placement privé de 1.020.000 actions (soit 64% de l'offre) s’adressant aux investisseurs institutionnels. La fourchette de prix a été établie entre 35 et 39 euros, «un prix très attractif, largement en dessous de ce que le marché attribue à des sociétés d'assurances de taille moyenne en Europe», explique alors Jean-François Becu, le directeur de Petercam, qui pilote l’OPV. 

L’opération, qui valorise la compagnie à environ 330 millions d’euros, permet au Foyer d’engranger quelque 65 millions d’euros. L’entrée à la cotation à Luxembourg et à Bruxelles a lieu le 4 juillet.

Un mois et demi plus tard, le titre Foyer intègre l’indice LuxX de la Bourse de Luxembourg. Il faut dire que le titre suscite alors un certain intérêt, avec plus de 12.000 actions échangées en moyenne chaque jour à Luxembourg et Bruxelles, représentant des volumes de près d’un demi-million d’euros, faisant des titres de Foyer parmi les plus actifs au niveau luxembourgeois.

Les actionnaires de la société d’assurances ne vont pas se plaindre de l’évolution de la valeur du titre: en 2002, Foyer affiche un bénéfice récurrent par action de 1,15 euro et offre un dividende brut de 0,85 euro par titre. En 2013, le résultat par action approche les 8 euros et le dividende tourne autour de 2 euros. 

Deux septennats

Mais pour une société de cette taille et sur un marché actions devenu anecdotique à Luxembourg, la contrainte est trop grande par rapport aux retombées potentielles. À l’instar d’autres sociétés ayant suivi le même mouvement de retrait pratiquement au même moment, les dirigeants de Foyer décident de mettre fin à la cotation du groupe. La décision est prise au printemps 2014 et une offre publique volontaire de rachat d’actions (Opra) est lancée sur la totalité du flottant de la société, soit un maximum de 1,2 million d’actions.

C’est d’ailleurs le faible niveau de ce flottant (14% du capital) qui incite Foyer à suivre cette voie, tout autant que la très faible liquidité et les faibles volumes échangés en bourse. «Le conseil d’administration a considéré que la cotation en bourse des actions Foyer SA est aujourd’hui moins adaptée à sa structure actionnariale, à sa taille et à ses besoins de financements, tout en générant des coûts incompressibles et significatifs au regard de la taille de la société et de la faible liquidité du titre», justifie la société à l’annonce de sa décision. 

L’opération se déroule finalement en deux «rounds» entre fin juin et mi-juillet 2014. Un total de 1.104.352 actions est concrètement racheté, soit 12,27% du capital social de Foyer, à un prix de 86,02 euros brut par action. C’est le 31 octobre 2014, après un peu plus de 14 ans de présence, que les actions de l’assureur luxembourgeois sont cotées pour la dernière fois à Luxembourg et à Bruxelles, avant leur radiation définitive. 

Au sein de l’indice LuxX de la Bourse de Luxembourg, c’est Brederode qui prend la suite, au 3 novembre 2014.