Alain Georges présidait le comité de direction de BGL lorsque Fortis en prit le contrôle.   (Photo: Luc Deflorenne / archives)

Alain Georges présidait le comité de direction de BGL lorsque Fortis en prit le contrôle.  (Photo: Luc Deflorenne / archives)

En 2000, la Banque générale du Luxembourg va bien, merci pour elle. Créée en septembre 1919 par la Société Générale de Belgique et devenue une société luxembourgeoise à part entière en 1935, elle est cotée en Bourse depuis 1984 et poursuit son expansion à l’international. 

Mais «plus haut», au niveau de l’actionnariat, de grandes manœuvres vont bouleverser son histoire. La Générale de Banque, qui détient près de 53% du capital de la BGL, est l’objet, en 1998, de deux offres de rachat simultanées: une venant d’ABN Amro (un échange mixte, de 19 actions ordinaires ABN Amro plus 9.000 francs belges par action Générale de Banque, liée à l'obtention d'une participation d'au moins 60% dans la banque) et une autre de Fortis (via l’échange de sept actions Fortis AG contre trois G-Banque).

Même si bon nombre d’analystes jugent la première offre plus intéressante, c’est bel et bien Fortis qui décroche le morceau. Et c’est donc sans surprise qu’en février 2000 est lancée une offre publique d’échange sur les 47% du capital de la BGL qu’il ne détient pas encore: neuf titres de Fortis-Banque (la division bancaire du groupe, basée à Bruxelles) ou de Fortis-NL (branche assurances, basée à Utrecht), plus un montant de 33 euros au comptant sont proposés pour chaque action BGL échangée.

Une opération qui intervient alors qu’un an plus tôt, BGL avait repris une partie du réseau d’agences de Fortis Bank Luxembourg, et qui, au final, valorise la Banque générale à environ 3,5 milliards d’euros.

«Au cœur d’un concept ‘beneluxien’»

Au terme de l’exercice 1999, BGL avait affiché 19,5 milliards d’euros d’avoirs confiés par la clientèle et un produit net bancaire de 601,2 millions. La banque avait présenté un résultat net de 143,11 millions, soit une progression annuelle moyenne du résultat de 17,7%.

L’OPE intervient aussi un an après la prise de contrôle de Dexia sur la Bil, dans un contexte très similaire, l’entité luxembourgeoise étant appelée à devenir le bras armé du groupe pour le private banking, la gestion d’actifs et la banque électronique alors en plein essor. Fortis vise notamment à établir au Grand-Duché sa tête de pont pour ses activités de gestion de fortune à l’international, notamment en Suisse et dans les îles anglo-normandes, mais aussi son centre de compétences pour les services de fonds d’investissement.

En mars, tout est consommé et BGL devient filiale à 100% de Fortis Bank Luxembourg. «Le Groupe Fortis veut développer un concept ‘beneluxien’ et notre ambition est de donner toute sa valeur et son importance au terme ‘Lux’, et de faire en sorte que le rôle du Luxembourg soit plus important que celui de la taille relative du pays», commente Alain Georges, alors président du comité de direction de la Banque générale du Luxembourg.

L’État sauveur

Il faut néanmoins attendre novembre 2005 pour que l’on parle officiellement de Fortis Banque Luxembourg, même si le nom de BGL demeure encore dans les esprits… et sur certains panneaux publicitaires ou de sponsoring.

Le choix de Fortis n'était pas si mauvais que ça.

Carlo Thill, BGL (en 2005)

«Nous voulons aussi montrer à nos collaborateurs que nous sommes fiers de ce que nos prédécesseurs et collaborateurs ont réalisé au cours des décennies passées», explique alors à Paperjam Carlo Thill, qui rappelle que depuis 2000, date du passage sous bannière Fortis, la BGL a plus que doublé son bénéfice, passé de 205 millions à 424 millions. «C’est quelque chose qui peut rendre fiers nos collaborateurs et qui constitue une preuve de plus leur montrant que le choix de Fortis n'était pas si mauvais que ça jusqu'à présent...»

Le discours changera évidemment quelques années plus tard. Au terme d’un éprouvant et historique dernier week-end de septembre 2008, le groupe Fortis est sauvé de la faillite par une intervention commune des trois gouvernements du Benelux, avec à la clé un montant de quelque 11,2 milliards d’euros injecté pour sauver le géant financier.

Au Luxembourg, cette intervention se traduit par l’injection de 2,5 milliards pour Fortis Banque Luxembourg, sous la forme d'un emprunt obligatoirement convertible. L’État prend ainsi une participation de 49% de la banque et en cède ensuite 16% à BNP Paribas, le groupe français ayant volé au secours du moribond Fortis.

BNP et Paribas aussi…

Et c’est ainsi que le nom de BGL revient sur le devant de la scène. D’abord seul, fin 2008, puis dès septembre 2009 associé à celui de BNP Paribas après que le groupe français est, officiellement, devenu l'actionnaire majoritaire de BGL en mai 2009, avec 65,96% du capital. Juridiquement, les deux entité fusionnent le 1er octobre 2010, le transfert technique et opérationnel des activités de BNP Paribas Luxembourg sur les plateformes de BGL BNP Paribas étant finalisé fin octobre 2010.

Aujourd’hui, BGL BNP Paribas, toujours dirigée par Carlo Thill, affiche un résultat net consolidé part du groupe de 342,5 millions d’euros (en progression de 2% par rapport à l’année 2013), un produit net bancaire de 1,35 milliard d’euros, une croissance de ses encours moyens de crédits de 1,4% et une augmentation de ses volumes moyens de dépôts de 3,6%.

Clin d’œil de l’Histoire: au même moment où Fortis clôturait, en 2000, son OPE sur BGL, les conseils d’administration de Paribas Luxembourg et de Banque nationale de Paris (Luxembourg) lançaient le processus de fusion de leurs entités respectives. BNP Paribas était en train de naître…