Philippe Ledent: «Malheureusement, on voit difficilement ce qui, à court terme, pourrait donner un second souffle à la confiance… et donc à la croissance.» (Photo: ING / Archives)

Philippe Ledent: «Malheureusement, on voit difficilement ce qui, à court terme, pourrait donner un second souffle à la confiance… et donc à la croissance.» (Photo: ING / Archives)

La fin de l’été est une période intéressante sur les plans monétaire et financier, notamment en raison des rencontres de Jackson Hole, que l’on pourrait qualifier d’université d’été des banquiers centraux. On aurait donc pu revenir sur les déclarations des uns et des autres, avec en toile de fond les commentaires du président Trump au sujet de la politique monétaire.

Pourtant, un autre événement a retenu l’attention cette semaine: la diminution, une fois de plus, des indicateurs de confiance de la Commission européenne traduit une situation économique assez confuse en zone euro. Pour rappel, ces indicateurs mesurent chaque mois la confiance des consommateurs et des chefs d’entreprise par rapport à une série de variables: le chômage, le contexte économique général ou encore les carnets de commandes. 

Comment expliquer que tant les ménages que les chefs d’entreprise ne soient plus aussi optimistes qu’il y a un an?

Philippe Ledent, senior economist chez ING Belux

La première moitié de cette année a été marquée par une croissance économique en demi-teinte. Après une très bonne fin d’année 2017, on aurait pu interpréter ce ralentissement comme une espèce de trou d’air, suivi d’un retour rapide d’une croissance plus vigoureuse. Cependant, le maintien d’une tendance baissière dans les indicateurs de confiance plaide davantage pour une deuxième partie d’année aussi mitigée que la première. 

Comment expliquer que tant les ménages que les chefs d’entreprise ne soient plus aussi optimistes qu’il y a un an? En fait, les explications ne manquent pas. D’une part, même si le sommet entre Juncker et Trump a un peu apaisé les tensions commerciales entre l’Union européenne et les États-Unis, rien n’est vraiment réglé. De manière générale, la montée du protectionnisme et les tensions commerciales restent d’actualité.

Les fluctuations des taux de change, parfois extrêmes, sont le signe de faiblesses structurelles.

Philippe Ledent, senior economist chez ING Belux

D’autre part, la situation des pays émergents reste un point d’interrogation. Les fluctuations des taux de change, parfois extrêmes, sont le signe de faiblesses structurelles. Enfin, en Europe, le dossier du Brexit maintient des incertitudes quant à l’activité économique future, alors que la confrontation qui se profile entre la Commission européenne et le gouvernement italien au sujet du budget n’est pas de nature à rassurer les chefs d’entreprise. 

Les indicateurs de confiance sont rarement pris en défaut: s’ils ne se redressent pas très rapidement, ce sera le signe inéluctable que la croissance de l’activité économique se maintient dans la zone euro à un rythme de l’ordre de 1,5% par an, alors qu’on attendait plutôt 2% cette année. La différence peut sembler faible, mais en matière de croissance économique (et de création d’emplois), elle est importante. Malheureusement, on voit difficilement ce qui, à court terme, pourrait donner un second souffle à la confiance… et donc à la croissance.