La défaite de l’extrême droite autrichienne est due à la détermination d’Alexander Van der Bellen de ne pas la laisser passer. Un exemple à suivre. (Photo: Licence C.C.)

La défaite de l’extrême droite autrichienne est due à la détermination d’Alexander Van der Bellen de ne pas la laisser passer. Un exemple à suivre. (Photo: Licence C.C.)

Retenant leur souffle à chaque fois qu’approche un scrutin électoral au sein de l’espace européen, les citoyens des 28 que l’avenir de l’Europe intéresse n’ont eu que peu de temps pour se réjouir de la défaite de l’extrême droite en Autriche, ce dimanche. Quelques heures à peine avant que son voisin du sud ne bascule à nouveau dans l’incertitude politique. Depuis ce matin, suite à la défaite de Matteo Renzi au référendum sur la réforme de la Constitution, l’Italie est à nouveau dans le chaos.

À la tête du Conseil italien depuis plus de 30 mois – une performance dans un pays qui a connu 60 gouvernements en 70 ans –, le jeune leader de centre gauche tenait à réformer la représentation parlementaire en limitant les pouvoirs du Sénat. Un vaste projet qui visait à améliorer le fonctionnement des institutions en accélérant le processus législatif et à réaliser des économies en haut de l’État. On parlait de 500 millions par an.

En cours de débat, des opposants ont fustigé une réforme qui accorderait trop de pouvoirs à l’exécutif. Une crainte légitime dans un pays marqué par les années de fascisme ou de despotisme à la sauce Berlusconi. Mais, comme souvent dans le cas de référendums, celui qui l’initie se place en cible idéale pour ses opposants. Et, dans le cas de Renzi, il a dû compter avec la volonté de mouvements de droite (Ligue du Nord) comme de gauche (Mouvement 5 étoiles) d’en finir avec lui et de retourner aux urnes. Ce qui n’est toutefois pas encore certain.

L’Union européenne se prépare donc à une nouvelle crise interne. Troisième économie de la zone euro, l’Italie, qui a retrouvé la croissance en 2015 après avoir été placée dans le noyau faible de l’Europe, les fameux Pigs – Portugal, Italie, Grèce et Espagne (Spain) –, inquiète aujourd’hui à nouveau ses partenaires à cause des créances douteuses de ses banques. Une crise politique n’arrangerait rien à ce niveau.

L’Autriche montre la voie

Risque économique d’un côté, soulagement politique de l’autre. Après la victoire de Trump aux États-Unis, on pouvait craindre de ce côté de l’Atlantique une éventuelle victoire de l’extrême droite en Autriche. Et un effet domino consécutif. Elle n’a pas eu lieu. Un sursaut démocratique a fait plier le scrutin présidentiel en faveur du candidat écologiste Alexander Van der Bellen.

D’aucuns avaient imaginé la victoire du FPÖ (parti libéral d’Autriche) après sa courte défaite en mai dernier (31.000 voix de différence) et l’invalidation du vote. Cette fois, l’écart est plus marqué: on parle d’environ 300.000 voix de plus pour Van der Bellen, qui obtient un peu plus de 53% des suffrages exprimés.

On respire! Mais on s’inquiète quand même. Imaginer que le leader d’extrême droite, Norbert Hofer, parvienne à attirer plus de 46% de l’électorat n’a rien de réjouissant. D’autant que des législatives se tiendront en 2018 et que le futur président ne sera plus là pour injecter dans la campagne l’énergie qui a été la sienne tout au long de ces derniers mois.

Car sa victoire est avant tout personnelle. C’est lui qui a convaincu les Autrichiens de ne pas franchir une ligne qui aurait fait d’eux les parias d’une Europe qui reste résolument démocratique. Aux Néerlandais, Français et Allemands d’en donner la preuve au cours de l’année 2017 et de limiter le rôle des partis nationalistes et xénophobes dans l’arène politique.