«L’évolution technologique doit être plus fortement appréhendée par l’industrie des fonds», indique François Gilles. (Photo: Deloitte Luxembourg)

«L’évolution technologique doit être plus fortement appréhendée par l’industrie des fonds», indique François Gilles. (Photo: Deloitte Luxembourg)

La confiance semble revenue sur les marchés financiers internationaux. Le volume des fonds d’investissement distribués en Europe a atteint près de 15,7 trillions d’euros à fin novembre 2017, près du double du volume d’avant crise, enregistré dix ans plus tôt (2007: 7,9 trillions d’euros).

Cette croissance des fonds d’investissement en Europe a notamment été soutenue par la distribution transfrontalière. Ce modèle de distribution se base sur une architecture ouverte permettant la délégation des fonctions-clés du fonds entre différents prestataires et géographies, tout en utilisant les formats de fonds prescrits par les directives européennes (UCITs ou AIF). 

La distribution transfrontalière a donc joué un rôle-clé, car la part des fonds dits transfrontaliers a augmenté de 34% en 2007 à plus de 41% fin novembre 2017.

Le potentiel de croissance pour l’industrie des fonds reste néanmoins très significatif en Europe, car la proportion de l’épargne des ménages investie «activement» dans des produits tels que les fonds reste bien en dessous de ce qu’elle est par exemple aux États-Unis. En effet, les ménages européens maintiennent 35-40% de leur épargne en cash (moins de la moitié de cette proportion aux EUA) et investissent seulement 10% de leurs avoirs dans les fonds (16% aux EUA). Dans cette équation, activer l’épargne des ménages représente une opportunité de plusieurs centaines de milliards d’euros d’actifs potentiels.

Dans ce contexte, plusieurs mouvements sont à noter. Premièrement, l’adaptation de l’industrie des fonds suite aux évolutions règlementaires, notamment Mifid II et Priips, est significative, car l’équilibre entre distributeurs et fabricants de produits d’investissement est altéré. Ces règlements génèrent également des coûts substantiels qui maintiennent un besoin critique d’efficacité pour le secteur.

Deuxièmement, le Brexit et la convergence règlementaire en cours dans l’industrie des fonds apportent un degré d’incertitude qui demandera une attention particulière des acteurs pour maintenir l’efficacité et la qualité des modèles de délégation dans les années à venir, par exemple en préservant l’accès aux infrastructures d’administration déjà en place et aux compétences de gestion les plus adéquates pour répondre aux besoins des fonds.

L’évolution technologique doit également être plus fortement appréhendée par l’industrie des fonds, notamment pour faire face aux besoins connus en termes d’information, d’éducation et d’accès à l’investissement, mais également aux nouveaux besoins générationnels qui deviennent apparents et imposent de nouvelles normes en termes de digitalisation.

Enfin, le développement du segment des fonds alternatifs est un mouvement-clé pour l’industrie, car ce segment est une des sources de réponses aux besoins actuels des investisseurs. Pour favoriser ce segment, il sera important d’y répliquer certaines des recettes qui ont fait le succès du modèle UCITs, par exemple en termes de centralisation et automatisation des activités opérationnelles et administratives.

Face à ces évolutions, le modèle transfrontalier de distribution des fonds d’investissement est un élément-clé. Le modèle permet de maximiser l’exposition d’un produit à ses marchés potentiels de la manière la plus efficace possible, et garantit des standards élevés de protection des investisseurs. En ce sens, la distribution transfrontalière maximise l’accès des épargnants européens à des produits bénéficiant d’une infrastructure efficace et d’un encadrement règlementaire rigoureux. Indirectement, le modèle encourage l’adoption de plus en plus large de standards règlementaires et opérationnels qui permettront avec le temps de continuer à réduire les coûts de gestion, et à présenter aux investisseurs, dans leur meilleur intérêt, des produits de plus en plus comparables et transparents.