À situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle. Tel aura été le leitmotiv des responsables politiques européens et luxembourgeois au cours de l’année 2015 face à l’afflux de réfugiés sur le Vieux Continent. Le Grand-Duché n’a donc pas échappé à ce mouvement migratoire puisque le pays a vu le nombre de demandes d’asile doubler en un an, selon les chiffres officiels du ministère des Affaires étrangères, dévoilés en fin de semaine dernière. Une hausse spectaculaire mais qui, en valeur absolue, est loin de représenter une arrivée massive et inédite d’étrangers, 2015 dépassant de quelques centaines seulement le nombre de demandes enregistrées en 2011.

L’année écoulée se démarque donc réellement plus des pays d’origine des demandeurs d’asile qu’autre chose. Pour la première fois en 2015, les personnes originaires des Balkans ont été moins nombreuses à demander refuge au Luxembourg, devancées par les Syriens, les Irakiens et les Afghans. Mais si la guerre et les tensions géopolitiques de ces pays ont poussé leurs habitants à fuir leur pays, les habitants des pays des Balkans ont également poursuivi un mouvement entamé depuis le milieu des années 1990. En 2015, ils représentaient ainsi 25% des demandes d’asile au Grand-Duché.

Mais alors que les demandes ont explosé, le nombre total de décisions prises par les autorités luxembourgeoises est resté stable par rapport aux deux années précédentes, et a même été divisé par deux par rapport à 2012, selon les chiffres officiels. Seul le chiffre de reconnaissance du statut de réfugié a évolué favorablement, même s’il est loin de représenter la norme dans les décisions de l’Administration de l’immigration.

En 2015, sur les 200 reconnaissances officielles de statut de réfugié, 79 concernaient des porteurs de passeport syrien, contre 27 demandes issues de réfugiés venus d’Érythrée et 15 d’Irak. Les 79 autres demandes validées étaient issues de pas moins de 19 autres nationalités dont des Turcs, des Palestiniens ou des Camerounais. 11 demandes acceptées émanaient également d’apatrides. Les 698 demandes rejetées, elles, concernaient principalement les ressortissants d’Albanie, du Kosovo et du Nigéria, qu’il s’agisse de la procédure normale ou de la procédure accélérée de gestion des dossiers.

Au-delà des chiffres liés aux demandes d’asile, les données du ministère dressent également l’état des lieux en ce qui concerne l’immigration au Grand-Duché. 10.114 titres de séjour ont ainsi été délivrés en 2015, contre 9.806 en 2014. Un phénomène qui s’explique notamment par la hausse du nombre de premières autorisations accordées aux membres de famille de personnes présentes au Grand-Duché, mais aussi aux travailleurs salariés et aux bénéficiaires de la carte bleue européenne. Les deux dernières catégories étant directement liées aux besoins du marché du travail. Le Luxembourg a ainsi ouvert ses portes majoritairement aux Américains, aux Chinois et aux Indiens en accordant le plus grand nombre de premiers titres de séjour, répondant ainsi à la volonté politique de faire venir des travailleurs hautement qualifiés, notamment dans le secteur ICT.