Philippe Ledent, senior economist ING Belux. (Photo: Maison moderne / archives)

Philippe Ledent, senior economist ING Belux. (Photo: Maison moderne / archives)

Les chiffres de croissance de l’activité économique au quatrième trimestre en zone euro étaient fortement attendus. Leur publication partielle au cours de la semaine écoulée permet de tirer quelques enseignements. Primo, de manière générale, les chiffres de croissance sont faibles. Cela confirme simplement ce que les indicateurs économiques prédisaient depuis quelques mois.

Secundo, certains pays ont néanmoins fait mieux que prévu: c’est notamment le cas de la France, dont le PIB progresse de 0,3% par rapport au trimestre précédent. Mais il faut souligner que la consommation des ménages y a fait du sur-place, ce qui est très probablement imputable aux blocages, aux manifestations et au climat social tendu en fin d’année dernière. L’Espagne a quant à elle vu son PIB progresser de 0,7% sur la même période, ce qui est proche du rythme normal de croissance de cette économie. L’emploi devrait bénéficier de cette croissance, ce qui est important pour un pays dans lequel le taux de chômage est encore de plus de 14%. 

Tertio, en Allemagne, la croissance s’est limitée à 0,1%, après, faut-il le rappeler, une contraction de l’activité au troisième trimestre. C’est en partie le signe que l’économie allemande, et en particulier son secteur industriel, est touché par un contexte de commerce mondial moins porteur, notamment en raison du ralentissement économique en Chine. Par ailleurs, le secteur automobile digère toujours mal les nouvelles normes européennes d’émissions, ce qui retarde la production de voitures. La croissance allemande devra donc se trouver un second souffle en 2019, ce qui sera crucial pour l’ensemble de la zone euro.

L’arrivée au pouvoir des populistes ne résout en rien les problèmes économiques, bien au contraire!

Philipe Ledent, senior economist chez ING Belux

Enfin, dans le cas de l’Italie, les choses se corsent un peu plus: l’activité y a reculé de 0,2% par rapport au trimestre précédent, et ce pour la deuxième fois consécutive. Techniquement, l’Italie est donc en récession. C’est là aussi une leçon à garder à l’esprit: l’arrivée au pouvoir des populistes ne résout en rien les problèmes économiques, bien au contraire!

Si l’on y ajoute les chiffres de croissance des plus petits pays de la zone euro (l’estimation de la croissance au Luxembourg au quatrième trimestre n’est pas encore disponible) l’ensemble de l’Union monétaire voit son activité croître de l’ordre de 0,2% au quatrième trimestre. Il ne faut pas se leurrer: c’est faible. Mais à la vue des indicateurs et du climat social dans certains pays, on peut se dire que cela aurait pu être pire. Il en faudra néanmoins plus pour remettre la zone euro sur une trajectoire de véritable reprise économique et pour éviter que le climat socio-économique ne continue de se détériorer en 2019.