Il y a un an, le monde entier sous le choc après les attentats qui ont visé Charlie Hebdo. (Photo: Christophe Olinger / archives)

Il y a un an, le monde entier sous le choc après les attentats qui ont visé Charlie Hebdo. (Photo: Christophe Olinger / archives)

En tirant le rideau sur l’année 2015, chacun semble retenir son souffle, espérant que la frontière symbolique de l’an nouveau permettra, si pas d’effacer les traces et la mémoire d’une sinistre année, de repartir en tout cas dans un climat pacifié.

L’angoisse collective est d’autant plus palpable qu’elle a été entretenue de mois en mois par Daech (État islamique), un mouvement terroriste qui, bien qu’agissant depuis des bases relativement éloignées du continent européen, l’a clairement pris pour cible.

Dans trois jours, le 7 janvier exactement, le monde entier commémorera les attentats contre le journal satirique français Charlie Hebdo qui ont fait 12 morts et 11 blessés. Première salve d’une violence ciblée que les extrémistes affidés à Daech ont répercutée en divers lieux sur l’ensemble de la planète jusqu’aux derniers jours de l’année, contraignant des villes comme Bruxelles et Munich à déployer des mesures de vigilance extrême en lieu et place des traditionnelles festivités de fin d’année.

Face à ces pics de tension auxquels sont confrontés les États du Vieux Continent, coupables aux yeux de certains d’accorder une trop grande place à la liberté de parole, de plume ou de crayon, ainsi qu'aux modes d’expression culturels les plus larges possibles, on ne peut que se rassurer en se disant que, pour l’instant, le Luxembourg reste épargné.

C’est heureux pour la vie en société de manière générale mais aussi pour des secteurs comme le commerce et l’horesca. Il n’y a qu’à interroger leurs confrères bruxellois pour se rendre compte des dégâts que peuvent causer des progressions du niveau d’alerte vers le niveau 4.

Audace et intelligence

Pour préserver cette paix relative, il faudra donc, ici comme ailleurs, assurer le bon fonctionnement du renseignement, mais surtout, on ne le répétera jamais assez, intégrer par l’emploi, l’éducation et la culture pour assurer le brassage entre autochtones et nouveaux arrivants. Un travail de longue haleine pour lequel le temps est compté.

Le défi concerne la classe politique, mais la société civile a aussi son rôle à jouer.

À l’échelon diplomatique, cette fois, la question se pose aussi de savoir jusqu’où (ne pas) aller avec des gouvernements qui ne font qu’attiser ce climat de haine et d’intolérance religieuse.

Pas plus tard que le 31 décembre, l’Aha (Alliance des humanistes, athéistes et agnostiques) interpellait le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, sur «la position du gouvernement luxembourgeois en ce qui concerne le traitement des personnes non croyantes dans des pays comme l’Arabie saoudite, et sur d’éventuelles relations bilatérales avec de tels pays».

Depuis, la très stricte monarchie wahhabite a procédé, le 2 janvier dernier, à l’exécution de 47 personnes condamnées pour terrorisme, dont le dignitaire chiite Nimr Al-Nimr. Une exécution qui fait monter d’un cran supplémentaire la tension dans une région du Golfe déjà au bord de l’explosion.

Un geste fort destiné, selon les politologues, à rassurer en interne les mouvements les plus conservateurs face à la lutte engagée par Riyad contre Daech. Mais qui prouve qu’une fois de plus les dirigeants politiques se montrent trop souvent incapables de regarder plus loin que la limite de leur champ électoral, pourtant limité dans ce cas.

S’il n’y a qu’une chose à souhaiter pour 2016, ce sera donc celle-là. Qu’elle nous donne de grands hommes et femmes politiques au regard le plus vaste. L’enjeu est global et crucial.