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 (Photo: Anthony Dehez / archives Paperjam)

Nous sommes le 14 octobre 2018, jour des élections. Depuis le matin, je bas le pavé en suivant les deux potentiels premiers ministrables. Parmi eux, Xavier Bettel, premier sortant, dont le stress est plus que palpable à la sortie du bureau de vote.

Quelques minutes plus tard, je me rends à un autre bureau pour suivre celui qui doit être la star de la journée, pour ne pas dire de l’année: Claude Wiseler du CSV. L’homme qui devra faire face à trois autres pour s’en sortir... Ici, l’ambiance est plus «calme», l’homme est professionnel et n’oublie pas de serrer un maximum de mains, y compris celle de son rival des Verts.

La journée est longue, les heures passent péniblement. Avec Matthieu Croissandeau, directeur éditorial de Maison Moderne, nous attendons, encore, encore et encore aux Rotondes, QG du CSV pour la soirée électorale. Petit à petit, les résultats tombent, et ils ne sont pas «conformes» aux sondages (émergence des petits partis, montée des Verts, et statu quo ailleurs), donc pas de marée orange.  

Aux Rotondes, les gens sont tendus et passent leurs temps à actualiser les résultats sur leur téléphone. Après des moments de doute suite à l’attente et avec 4h de retard sur le programme prévu, la rédaction décide, faute de discours de Claude Wiseler sur scène à ce moment-là, de m’envoyer chez RTL pour l’émission de fin de soirée avec tous les candidats.  

Alors après un bref passage au maquillage, ils se retrouvent à couteaux tirés sur le petit plateau. Nous, les photographes, avons le droit de rester quelques secondes avant la prise d’antenne. Les voilà enfin les quatre, face à face. Enfin... un contre trois! Sur le plateau, on est un peu comme dans un film de Sergio Leone. Ils ne se parlent pas, la tension et l’usure de la campagne – et de la journée – sont là et ils vont devoir encore une fois «s’affronter».

Alors je me place derrière le dos des trois protagonistes du gouvernement sortant et du futur et capte un regard «revolver» de Claude Wiseler. À la manière des westerns, cette image nous rappelle la dureté du monde politique. Comme dans «Le Bon, la Brute et le Truand». Mais ne comptez pas sur moi pour vous dire qui est qui!


Anthony Dehez