Récemment, le poète Ashraf Fayadh a été condamné à mort par une cour en Arabie saoudite pour avoir renoncé à l’Islam et prôné l’athéisme à travers ses recueils de poèmes. Ceci est le deuxième cas médiatisé de la sorte, après celui de Raif Badawi, condamné dans le même pays à 1.000 coups de fouet pour avoir critiqué sur son blog la police religieuse et certains édits islamiques, et mis sur la table la question de la laïcité et de la liberté d’expression.
Ces traductions en justice trouvent leur base dans un nombre de lois datant déjà de 2014, déclarant tous les athées comme étant des terroristes, et permettant ainsi de leur infliger des peines sévères allant jusqu’à la peine de mort.
En tant qu’association représentative des personnes non religieuses, l’Alliance des humanistes, athées et agnostiques du Luxembourg (Aha) se pose certaines questions quant à l’attitude de nos responsables politiques actuels envers de telles pratiques, surtout ceux ayant initié un lien direct entre notre économie et celle des pays de la péninsule arabique. En effet, il est du devoir d’un gouvernement démocratique de reconsidérer les relations qu’il entretient avec des pays aussi peu en phase, voire en violation directe avec les principes fondamentaux qui sont à la base de l’Union européenne et de la Déclaration des droits de l’Homme des Nations unies.
Néanmoins, vu l’absence de réaction de la part de l’Union européenne - dont le Luxembourg a assuré la présidence lors du deuxième semestre de 2015 - en ce qui concerne les cas précités, Aha aimerait par ailleurs savoir comment l’Union européenne en général et le gouvernement luxembourgeois en particulier envisagent de contrecarrer la discrimination de plus en plus visible des personnes non croyantes et la suppression de leur liberté d’opinion et d’expression. Des compromis velléitaires et la mise en veille de nos principes de base pour des raisons économiques représentent une attitude des plus déplorables, et de surcroît, inacceptable à nos yeux.
Par ailleurs, Aha constate le silence notoire et persistant de la part des associations religieuses monothéistes de notre pays à ce sujet, en particulier de la Shoura, aspirant actuellement à un conventionnement avec l’État luxembourgeois. Nous sommes d’avis que la moindre déontologie consisterait à exprimer clairement leur désaccord fondamental avec la position de pays comme l’Arabie saoudite. Mais malheureusement, nous risquons d’attendre longtemps. En effet, le passé a à multiples reprises montré que les appels des religions monothéistes s’adressent surtout à se respecter mutuellement entre fidèles, les non-croyants étant même considérés comme personnages de seconde classe et de moindre valeur.
Ce dénigrement constant des personnes non religieuses, allant jusqu’à leur renier tout comportement éthique, devrait faire réfléchir nos responsables politiques, qui basent le financement futur des cultes au respect scrupuleux des principes démocratiques de base de notre société. Nous trouvons en tout cas que le mutisme de plomb sur des sujets d’actualité aussi délicats que ceux mentionnés ci-dessus, ainsi que la ségrégation prônée par les religions, qui distingue gens religieux et gens non religieux (athées ou agnostiques), est malsain pour une société qui se veut moderne et éclairée.