La dose du médicament développé par le laboratoire Gilead coûte un peu moins de 2.000 euros. (Photo: Shutterstock)

La dose du médicament développé par le laboratoire Gilead coûte un peu moins de 2.000 euros. (Photo: Shutterstock)

Le gouvernement luxembourgeois a, comme la quasi-totalité des pays membres de l’Union européenne, acheté du Remdesivir pour lutter contre le Covid-19. L’OMS a, un peu tardivement, déconseillé son utilisation. À près de 350 euros la dose, la situation est gênante.

À plusieurs reprises cette semaine, le gouvernement luxembourgeois a été pointé du doigt pour avoir acheté, comme le recommandait la Commission européenne, du Remdesivir. Ce médicament, développé par le laboratoire Gilead, devait servir à combattre le Covid-19. Sauf que, le produit n’ayant pas répondu aux attentes, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a depuis déconseillé son utilisation.

«Le médicament antiviral Remdesivir n’est pas conseillé pour les patients admis à l’hôpital pour le Covid-19, quel que soit le degré de gravité de leur maladie, car il n’y a actuellement pas de preuve qu’il améliore la survie ni qu’il permette d’éviter d’être placé sous ventilation artificielle», expliquait l’OMS, fin novembre, via communiqué. Pour arriver à de telles conclusions, les experts de l’institution se basaient sur quatre essais cliniques menés à l’international, comparant l’efficacité de différents traitements sur quelque 7.000 personnes positives au Covid-19 et placées en soins.

Problème: l’avertissement de l’OMS, émis en novembre, est arrivé un peu tard, et les États membres de l’Union européenne avaient déjà passé commande. Ou presque, puisque la France n’avait pas franchi le cap. L’ardoise plafonne à 220 millions d’euros. Le Luxembourg fait partie de la liste des demandeurs.

Un montant global inconnu

Longtemps resté inconnu, car soumis une clause confidentialité, le ministère de la Santé a depuis divulgué le montant de la commande. La facture réglée au laboratoire Gilead plafonne à 39.675 euros pour un total 115 doses, à 345 euros l’unité.

«Le Luxembourg a bel et bien acheté ce médicament, après concertation avec le directeur de la Santé, , et plusieurs virologues. On suit les recommandations internationales. L’OMS a mis en doute l’efficacité du Remdesivir, ce qui nous a poussés à réduire les achats au minimum pour la deuxième commande», explique le ministère compétent.

De quoi y voir une perte sèche pour le gouvernement? Peut-être. Du moins, une nuance doit être apportée. Si l’Organisation mondiale de la santé a bien déconseillé l’utilisation du médicament, certains autres rapports affirment que son usage pourrait être bénéfique, en particulier pour les personnes atteintes du Covid-19, symptomatiques, ayant des problèmes respiratoires, mais n’ayant pas besoin d’être placées sous assistance respiratoire. Ce que démentent certains chercheurs, qui pointent, pour leur part, certains effets secondaires indésirables. Au Luxembourg, le ministère indique que 79 doses auraient, jusqu’ici, été administrées à des malades.

Pas tous d’accord

Toujours est-il que toutes les institutions ne sont pas raccord, à l’instar du prestigieux institut de santé publique Robert Koch (RKI), établissement central à l’échelon fédéral en Allemagne, qui continue de favoriser le recours au Remdesivir pour les patients atteints du Covid-19. «Le RKI n’a pas donné d’indication faisant état de problème et indiquant que l’on ne devrait pas l’utiliser», souligne le ministère de la Santé. 

Le médicament n’ayant pas été interdit, il appartient désormais aux médecins d’opter – ou non – pour ce médicament. «D’après le docteur Schmit (directeur de la Santé, ndlr), l’utilisation du Remdesivir ne fait pas toujours sens. Mais nous devons aussi laisser les spécialistes décider, il y a une liberté thérapeutique qui joue», conclut le ministère.

De son côté, le laboratoire Gilead a réalisé, dans le monde, plusieurs centaines de millions d’euros de bénéfices, pour un médicament qui, s’il n’est pas inutile, s’avère cependant moins efficace qu’espéré. Le Remdesivir était devenu, le 3 juillet, le premier médicament à recevoir une autorisation de mise sur le marché européen conditionnelle pour lutter contre la pandémie de Covid-19.