La réindexation des allocations familiales reste en dessous des promesses gouvernementales (Photo: Anthony Dehez/Maison Moderne)

La réindexation des allocations familiales reste en dessous des promesses gouvernementales (Photo: Anthony Dehez/Maison Moderne)

Le budget 2022 ne constitue pas un budget d’austérité. Ouf! Il ne manquerait plus que cela. Une politique budgé­taire restrictive n’est pas de mise afin de ne pas perturber la conjoncture écono­mique, mais également au vu des défis énormes auxquels on fait face: inégalités croissantes, explosion des prix du logement et changement climatique.

Pour contrecarrer les évolutions inquiétantes dans ces domaines, il faut à la fois du courage politique et des inves­tissements consé­quents. Les investissements publics seront maintenus à un niveau élevé en 2022, même très élevé à l’échelle européenne, ce qui est louable et indispensable. Il faut en effet réaliser aujourd’hui les investissements nécessaires pour laisser aux générations futures une économie productive, sociale et écologique, et non pas un fardeau.

Il fait économiquement sens de financer ces investissements bénéficiant également aux générations futures, partiellement via la dette publique. Ne pas les réaliser pour des raisons de frugalité budgétaire hypothéquerait le développement écologique, social et économique futur du pays, et en fin de compte l’évolution saine des finances publiques.

Si le budget 2022 de l’État (présenté le 13 octobre par le ministre des Finances Pierre Gramegna, ndlr) ne constitue pas un budget d’austé­rité, il n’est pourtant pas un bon cru en ce qui concerne le volet social, en prolongeant certes les acquis, mais sans proposer d’avancées.

Si certaines mesures annoncées, telles que l’augmentation de l’allocation de vie chère, la réindexation des allocations familiales et la gratuité de certaines prestations dans le cadre de l’encadrement scolaire sont à saluer, elles ne permettent pas de provoquer un revirement sur les profondes inégalités au Luxembourg et excluent largement les salariés frontaliers.

Or la réindexation des allocations familiales reste en dessous des promesses gouvernementales. Le gouvernement avait déjà signé en 2014 un accord avec les syndicats, prévoyant l’adaptation des prestations familiales; cela signifie aujourd’hui déjà sept années de perte de pouvoir d’achat pour les familles avec enfants, ce à quoi le projet de budget ne remédie pas.

Si le ministre des Finances a annoncé qu’il n’y aurait pas d’aug­men­tation d’impôts, cette affir­mation est à remettre en question à deux niveaux. D’une part, l’augmentation de la taxe CO2 prévue par la loi budgétaire de l’année passée n’est pas remise en cause, malgré l’explo­sion des prix énergétiques. D’autre part, la non-adaptation du barème d’imposition à l’inflation constitue de fait une augmentation des impôts en raison de la progressivité de ce barème sur lequel il convient donc de se pencher.

Cet article a été rédigé pour l’ parue le 28 octobre 2021.

Le contenu du magazine est produit en exclusivité pour le magazine, il est publié sur le site pour contribuer aux archives complètes de Paperjam.

Votre entreprise est membre du Paperjam Club? Vous pouvez demander un abonnement à votre nom. Dites-le-nous via