Si fusion/acquisition sont comme des danseurs de tango, qui joue la musique?
Ce sont les conseillers sans aucun doute, mais j’ajouterais que la cadence des danseurs fait bien sûr également évoluer le rythme de la pièce musicale. J’entends par là que la négociation ne doit pas se faire entièrement à huis clos, entre avocats, mais qu’il est utile que l’acquéreur et le vendeur s’impliquent pour mettre l’accent sur les aspects clés et leurs objectifs concrets et d’éviter que les conseillers se perdent dans des discussions sans fin sur des points de détail. Si l’on devait encore filer la métaphore, je dirais que le régulateur est le chef d’orchestre. Le bon déroulement d’une transaction dans le secteur financier ne peut se faire sans son orientation générale.
C’est finalement une affaire de timing aussi?
Le planning et le timing sont extrêmement importants, en effet. L’état de ce que l’on achète à l’instant T évolue et si la transaction prend trop de temps à se réaliser, il est possible de ne pas le retrouver dans le même état. Il convient donc de veiller à ce que tous les aspects de la transaction progressent en parallèle – non seulement la négociation de la documentation contractuelle, mais également les formalités de droit des sociétés, la préparation des dossiers à soumettre aux autorités de surveillance du secteur financier et des autorités de la concurrence, les formalités de droit du travail, les analyses fiscales, etc.
L’anticipation est donc très importante, afin de s’assurer que les différents « chantiers » progressent en même temps et pas l’un après l’autre.
Les 2 steps réglementaires à ne surtout pas manquer?
Le premier, c’est prendre contact le plus tôt possible avec le régulateur. Avertir les autorités rapidement qu’un projet de fusion/acquisition est en discussion est important, afin d’être à même de prendre en compte les observations éventuelles des autorités dès le début du projet. Deuxièmement, faire en sorte que les dossiers soumis aux régulateurs soient le plus complets possible, et enfin, ne pas oublier de demandes aux autorités. En effet, de telles transactions peuvent nécessiter de multiples accords (non seulement en ce qui concerne le changement d’actionnariat, mais également par exemple en ce qui concerne le changement de nom, le changement d’administrateurs, le changement de dirigeants, etc.).
Et en cas de litige?
Il n’est bien sûr pas possible d’éliminer toute éventualité de litige, mais il est en revanche possible et recommandé de déterminer un cadre dans la documentation contractuelle qui règle la façon dont certains évènements sont à traiter. Par exemple, il est possible de convenir des mécanismes d’indemnisation si certains risques se réalisent. En prévoyant par avance quelles sont les responsabilités respectives et quelle est la procédure pour aborder ces évènements, cela réduira la probabilité que ces questions deviennent contentieuses et doivent être tranchées par les tribunaux. Autrement dit, mieux vaut prévenir que guérir, comme le dit l’adage populaire.
Les 3 ingrédients d’une fusion/acquisition réussie?
Le premier ingrédient, c’est l’esprit de coopération, auquel s’ajoute la bonne définition des objectifs, et enfin, troisième ingrédient, le respect de la réglementation et la transparence face aux régulateurs.
Retrouvez également l’interview express du deuxième intervenant, Laurent Schummer, en cliquant .
Le 4e épisode du podcast Arendt We Live à écouter en intégralité ci-dessous.