Benoît Piedbœuf ne siège plus au CA des CFL, victime d’un règlement de compte politique, selon toutes les apparences. (Photo: Facebook)

Benoît Piedbœuf ne siège plus au CA des CFL, victime d’un règlement de compte politique, selon toutes les apparences. (Photo: Facebook)

L’assemblée générale des CFL qui a eu lieu lundi a, semble-t-il, été utilisée par Ecolo pour régler quelques comptes avec les libéraux du MR. Benoît Piedbœuf, député belge dont le mandat au CA des CFL avait été renouvelé l’an passé pour cinq ans, en a fait les frais.

Actionnaire des CFL à hauteur de 4% (bien plus par le passé), la Belgique a donc un représentant qui siège au sein du CA de l’entreprise publique, tout comme la France, qui détient 2% des parts. Depuis 2015, ce mandat était dévolu à Benoît Piedbœuf, bourgmestre de la commune gaumaise de Tintigny, député fédéral et chef de groupe du MR à la Chambre. L’an passé, à la demande du ministre fédéral de la Mobilité de l’époque, il avait été reconduit pour une durée de cinq ans. 

Depuis lundi et l’assemblée générale des CFL, il ne siège plus au CA. Le mandat a en effet fait l’objet d’un règlement de compte politique en bonne et due forme. «Voici trois semaines, Georges Gilkinet (Ecolo), le ministre fédéral de la Mobilité arrivé avec le nouveau gouvernement, est venu me trouver à la Chambre, pour me parler d’abord de projets en lien avec ma commune… puis pour me dire qu’il voulait me remplacer au sein du CA des CFL, prétextant qu’il serait plus simple d’avoir à Luxembourg quelqu’un de son cabinet.» Benoît Piedbœuf s’en étonne. «Nous sommes partenaires de la majorité gouvernementale, nous devons nous faire confiance. J’aurais relayé ses préoccupations aux CFL de façon loyale… Politiquement, je peux comprendre qu’il préfère quelqu’un de son obédience. À la limite, je pouvais me retirer de moi-même dans deux ou trois ans, en même temps que mon ami Jeannot Waringo, le président du CA. Mais comme cela, d’un coup, c’était pour le moins cavalier.»

L’affaire en reste là. C’est du moins ce qu’il croit, n’entendant plus rien à ce sujet. Mais «quelques jours avant l’assemblée générale qui a eu lieu le lundi 14 juin, j’ai reçu un appel de Jeannot Waringo, qui m’explique qu’il vient de recevoir une lettre du ministre demandant mon remplacement. Je suis tombé des nues», explique Benoît Piedbœuf.

Qui contacte alors son homologue-chef de groupe Ecolo à la Chambre. «Celui-ci me dit alors qu’il a plaidé pour une transition en douceur, mais que suite – c’est ce qui est mis dans son SMS – aux outrances de Denis Ducarme, le respect doit aller dans les deux sens. Ce fut pour moi un nouveau moment de sidération», poursuit Benoît Piedbœuf. 

Abstention des membres luxembourgeois et français du CA

Début du mois de juin, la nomination d’une femme portant le voile au poste de commissaire à l’Égalité hommes-femmes a suscité quelques tensions à la Chambre, à Bruxelles, notamment entre le MR et Ecolo. En commission, le député Denis Ducarme (MR) a fait savoir à la secrétaire d’État Sarah Schlitz (Ecolo) qu’il se sentait délié de la solidarité gouvernementale et que son vote ne serait plus acquis. «Mais il n’y a jamais eu d’agression de Denis. Elle est venue de l’autre côté», fait valoir Benoît Piedbœuf, qui était présent en commission ce jour-là.

Ecolo a visiblement peu apprécié les critiques et a donc voulu régler quelques comptes avec des libéraux, et pour l’occasion, tout pouvait faire farine au moulin. On en est donc arrivé, dans le cadre de l’assemblée générale des CFL, à une situation ubuesque où les Luxembourgeois se sont abstenus lors du vote quant au remplacement du mandataire belge (le représentant français aussi), seul le belge – l’ambassadeur de Belgique délégué pour l’occasion – votant pour et emportant la décision. «Je ne suis pas venu à l’assemblée générale, car cela ne servait à rien», conclut Benoît Piedbœuf.

Il est donc maintenant remplacé par Juliette Walckiers, coordinatrice de la cellule Rail au cabinet du ministre Gilkinet.

L’élégance est une qualité que l’on possède de naissance, et tout le monde n’en est pas pourvu.
Benoît Piedbœuf

Benoît Piedbœufchef de groupe MR à la Chambre des représentants de Bruxelles

Qui regrette la décision, certes, mais surtout ses conséquences. «Siéger au CA des CFL a un intérêt non pas pour s’occuper de la fréquence des trains entre Luxembourg et Strassen, mais bien pour entretenir des contacts avec les décideurs, la représentante du gouvernement, évoquer des dossiers transfrontaliers… On casse ici du relationnel qui se construisait depuis quelques années. Ecolo n’a une nouvelle fois rien compris.»

La manière lui laisse aussi un goût amer. «Ce mercredi, la décision ne m’était toujours pas notifiée. La politicaille belge s’invite à l’assemblée générale des CFL, c’est ridicule et lamentable. Outre que cela démontre une nouvelle fois un manque de niveau chez certains, le procédé est d’une impolitesse rare. Comme je l’ai écrit aux membres du CA, l’élégance est une qualité que l’on possède de naissance, et tout le monde n’en est pas pourvu.»