Le CEO de RedWire Peter Cannito, le ministre de l’Économie Franz Fayot et le directeur du site luxembourgeois Jarosław Jaworski ont coupé le ruban. Cette cérémonie marque officiellement l’ouverture du laboratoire de recherche au Luxembourg. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)  

Le CEO de RedWire Peter Cannito, le ministre de l’Économie Franz Fayot et le directeur du site luxembourgeois Jarosław Jaworski ont coupé le ruban. Cette cérémonie marque officiellement l’ouverture du laboratoire de recherche au Luxembourg. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)  

Arrivée au Luxembourg en tant que Made In Space, RedWire a inauguré son nouveau quartier général européen, jeudi soir, à la Cloche d’Or, en présence de son CEO Peter Cannito, du ministre de l’Économie Franz Fayot (LSAP), et de l’ambassadeur des États-Unis Thomas Barrett. Une porte d’entrée vers l’UE.

«Je souhaite à RedFire…» L’instant ne dure qu’une fraction de seconde. À peine perceptible. Le ministre de l’Économie, (LSAP), a la langue qui fourche avec un certain sens de l’à-propos. Car RedWire est «on fire», en feu, en plein boom, en pleine croissance. Elle a terminé le premier trimestre avec près de 32 millions de dollars de revenus et un carnet de commandes de 274 millions de dollars pour l’année, sur 547 millions de dollars d’offres soumises.

«Je souhaite à RedWire», se reprend-il avec un petit sourire devant près de 150 personnes, «des succès et de nombreux clients, mais je ne me fais pas vraiment de souci.»

L’ambiance est bon-enfant, à ce rez-de-chaussée du 10, rue Henri M. Schnadt, à quelques pas du centre technique de Post, où des lumières rouges et bleues, un panneau géant d’un satellite dans l’espace et des télévisions qui diffusent des films de promotion des technologies de la société américaine du new space se disputent l’attention avec les coupes de champagne.

Attirée au Luxembourg en 2018, lors de la visite de Nasa Ames par l’ex-ministre de l’Économie, , RedWire a été un point d’inflexion dans la course aux technologies de l’espace. C’est probablement avec elle que les entreprises ont commencé à imaginer produire des infrastructures dans l’espace au lieu de les embarquer à bord des fusées.

40 personnes de 18 nationalités

La raison, économique surtout, est assez simple: 90% des coûts d’un lancement sont dus au poids. Moins vous embarquez de matériel, moins vous déboursez. Surtout à l’ère des microsatellites que les lanceurs expédient à basse orbite par des grappes aussi serrées que celles de raisins qui mûrissent sur les coteaux de la Moselle.

«C’est fantastique que vous soyez là», s’enthousiasme le ministre. «Fantastique pour RedWire, mais aussi pour l’écosystème luxembourgeois. Vous avez commencé dans l’incubateur de Paul Wurth, et vous voilà ici, avec votre drapeau multiculturel qui flotte, pour continuer votre recherche et développement.»

Car RedWire, arrivée chez l’industriel dans le quartier de la gare, avec le seul Jarosław Jaworski (aujourd’hui country manager de l’entreprise), emploie 40 personnes de 18 nationalités – mais aucun Luxembourgeois – et continue à recruter. 

«Il fait très chaud au Luxembourg!», s’amuse juste après lui le CEO de la société, Peter Cannito, tout juste arrivé de Californie, mais qui a eu le temps de rencontrer l’Agence spatiale luxembourgeoise et la direction de la Défense. «Quand tu ajoutes de la diversité à un groupe auquel tu assignes une mission, tu apportes beaucoup de valeur au développement individuel de tes salariés, de l’entreprise et du pays dans lequel tu es installé! De ma journée très intense au Luxembourg, j’emporterai de nombreuses leçons avec moi.»

«Car si une grosse partie des développements de l’espace vient des États-Unis, les USA ne pourront pas et ne veulent pas le faire seuls», assure M. Jaworski après lui. «Le Luxembourg a sa place dans ce concert.»

«C’est de la science-fiction», disent ceux qui n’ont pas tous les jours l’occasion de visiter un laboratoire de recherche d’une société de l’espace. Au milieu de cette visite à laquelle a participé l’ambassadeur des États-Unis , arrivé après la cérémonie du couper de ruban, il fallait remarquer le bras articulé qui se prépare pour la mission On-Orbit Servicing, Assembly, and Manufacturing 2 (ou ). Il montrera comment un vaisseau spatial peut utiliser la fabrication additive, ou impression 3D, pour créer et assembler des composants dans l’espace.

Lancement d’Archinaut One l’an prochain

Également connu sous le nom d’Archinaut One, l’engin est capable de créer un panneau solaire de substitution dans l’espace. Il a fait l’objet d’un investissement de plus de 70 millions de dollars par la Nasa et devrait être lancé en fin d’année prochaine, après avoir réussi son test de design début avril.

«Vous ne pourriez jamais apporter suffisamment de matériel et vous ne pourriez jamais anticiper exactement ce dont vous aurez besoin, en particulier lorsque vous arriverez sur la Lune et ensuite sur Mars», a indiqué Peter Cannito. Sous-entendu, il faudra produire dans l’espace.

«Nous travaillons principalement sur deux types de technologies au Luxembourg: un bras articulé qui permette de capturer les déchets de l’espace, voire les satellites, et de les mettre sur une autre orbite en cas de besoin», précise encore le country manager de l’entreprise. «Et un bras articulé pour faire de l’assemblage dans l’espace.»

RedWire surfe sur deux tendances lourdes du new space. De plus, elle est désormais bien installée au Luxembourg, qu’elle présente comme sa porte d’entrée idéale pour le marché européen. Signe d’un appétit tout américain. Quand on vous dit que RedWire est… on fire.