L’accélération du prix de l’immobilier amène, en partie, le Luxembourg à connaître le plus haut taux d’endettement par rapport au revenu de l’Union européenne. (Photo: Shutterstock)

L’accélération du prix de l’immobilier amène, en partie, le Luxembourg à connaître le plus haut taux d’endettement par rapport au revenu de l’Union européenne. (Photo: Shutterstock)

La Commission européenne a passé au crible la stabilité macroéconomique du Luxembourg, qui se retrouve sur la liste des mauvais élèves en matière d’augmentation des dépenses des retraites, d’impact du prix de l’essence sur l’inflation et d’endettement des ménages par rapport au revenu.

Deux ans après l’arrivée de la pandémie de Covid-19 et dans le contexte de l’invasion russe de l’Ukraine, la Commission européenne a publié ses orientations aux États membres dans le cadre du Semestre européen et la facilité pour la reprise et la résilience (FFR). Le premier pic de Covid-19 avait amené la Commission à activer la clause dérogatoire générale du pacte de stabilité et de croissance en mars 2020. Cette mesure avait permis aux États membres de réagir rapidement et d’adopter des mesures d’urgence pour atténuer les conséquences économiques et sociales de la pandémie.

À présent, l’exécutif européen considère que «les conditions d’un maintien de la clause dérogatoire générale du pacte de stabilité et de croissance en 2023 et de sa désactivation en 2024 sont remplies». Une décision justifiée par une montée des risques sur les perspectives économiques, sur fond de guerre en Ukraine, d’envolée de l’inflation et de perturbations persistantes des chaînes d’approvisionnement. Autant de facteurs qui contribueront à «une orientation budgétaire expansionniste en 2022 pour l’ensemble de l’UE».

Les finances publiques

En ce qui concerne le Luxembourg, la Commission note une résilience de l’économie du pays au cours de la pandémie. Cette année, un léger déficit du budget des administrations publiques de -0,1% du PIB est attendu, en raison du ralentissement de la croissance du PIB à 2,2%. Ce qui a pour conséquence de réduire l’augmentation des recettes, alors que les dépenses sont portées à la hausse par la fièvre inflationniste.


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La dette des administrations publiques devrait s’élever à 24,4% du PIB en 2021. Ce qui est encore considéré comme acceptable risque bien d’être différent à plus long terme. Selon la Commission, «le Luxembourg est confronté à la plus forte augmentation des dépenses liées aux retraites de tous les pays de l’UE». Et elle ajoute: «L’impact attendu sur les finances publiques est également parmi les plus élevés de l’UE et menace la viabilité budgétaire à long terme du Luxembourg.»

L’immobilier et le surendettement

Au niveau du logement, la Commission s’inquiète d’un risque de surévaluation de l’immobilier et d’endettement «élevé» des ménages à cause d’une longue période de hausse des prix. Les prix nominaux des logements ont augmenté de 14% par an en 2020 et 2021. En revanche, une correction des prix affecterait la valeur des garantes et mettrait en péril la résilience des emprunteurs et des prêteurs, entraînant alors des conditions de crédit plus strictes.

C’est l’économie réelle qui court le plus grand risque de ratio «très élevé» de l’endettement des ménages par rapport au revenu disponible. L’endettement des ménages par rapport au revenu disponible s’élève à 176% au Luxembourg, soit le taux le plus élevé de toute l’Union européenne. À noter qu’environ 30% des prêts immobiliers sont à taux variable, donc exposés aux variations des taux d’intérêt, et sont concentrés sur un nombre limité de banques nationales. Ce qui nécessite «une surveillance continue».


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Outre le coût de l’immobilier, certains ménages doivent désormais consacrer une part plus importante de leurs revenus au remboursement de leurs dettes. Une situation qui pourrait encore se détériorer du fait de la hausse des taux d’intérêt. De quoi exercer encore plus de pression sur l’économie réelle. De quoi également favoriser la pauvreté et l’exclusion sociale, sachant qu’un chômeur sur deux fait face au risque de chômage de longue durée.

L’inflation

Par ailleurs, la hausse des prix du pétrole a un impact plus important sur l’inflation au Luxembourg que dans les autres pays européens. L’explication se trouve dans «le poids relativement plus élevé des carburants pour le transport dans l’indice harmonisé des prix à la consommation, en raison du nombre élevé de travailleurs transfrontaliers se déplaçant en voiture et de l’important transfert de marchandises». En 2021, l’inflation des prix à la consommation a augmenté de 3,5%. Sur la même période, le taux de variation annuel des prix de l’énergie était le deuxième plus élevé de l’Union européenne. Une tendance qui se poursuit en 2022, accentuée par la flambée des prix des produits de base, conséquence de la volatilité sur les marchés des matières premières.

Les indexations automatiques des salaires et devraient à leur tour provoquer une augmentation des prix des services, donc faire croître l’inflation davantage. La Commission s’attend à ce que l’inflation moyenne s’élève à 6,8% en 2022 et s’atténue par la suite grâce à une stabilisation des prix de l’énergie.