Hajime Miyamae, patron du restaurant Kamakura, en compagnie de son chef Akira Yasuoka. Ils ont inauguré l’établissement ensemble en 1988. (Photo: Anthony Dehez)

Hajime Miyamae, patron du restaurant Kamakura, en compagnie de son chef Akira Yasuoka. Ils ont inauguré l’établissement ensemble en 1988. (Photo: Anthony Dehez)

À la tête du premier restaurant japonais au Luxembourg depuis 1988, Hajime Miyamae a enfin pu rouvrir son établissement, après des mois de travaux suite aux inondations estivales. Sans jamais se départir de sa résilience toute nippone...

Hajime Miyamae, patron du Kamakura, en quelques temps forts, ça donne quoi?

Hajime Miyamae. – «Je suis né dans la ville de Kamakura, dans la province du Kanto. Je suis petit-fils d’hôtelier-restaurateur et je me rappelle avoir passé beaucoup de temps au restaurant et au bar de l’établissement familial étant jeune, au point d’obtenir un diplôme de cuisine et de gestion. Mais en ce qui concerne les études supérieures, ce sont la langue française et l’économie qui m’ont amené à Paris! C’est alors que dans le cadre d’une mission économique luxembourgeoise, on m’a présenté l’opportunité d’ouvrir le premier établissement japonais au Grand-Duché. À l’époque, seuls 80 japonais vivaient au Luxembourg... J’ai inauguré le restaurant Kamakura en 1988, en compagnie de notre chef Akira Yasuoka, qui l’est encore aujourd’hui. Pendant ces nombreuses années, j’ai eu l’honneur de recevoir l’Award for Overseas Promotion of Japanese Food en 2009, puis d’être nommé Ambassadeur de bonne volonté de la culture culinaire japonaise par le ministère de l’Agriculture japonais en 2017. Ces derniers temps, le restaurant a vécu des choses assez inédites, entre la pandémie et les inondations de juillet dernier...»

Comment avez-vous vécu ces deux épreuves consécutives, justement?

«Pendant les confinement dus à la pandémie, nous sommes restés fermés et sans aucune activité. Nous n’avons pas fait de take-away, notre approche n’y était pas vraiment adaptée. Puis lorsque nous avons pu rouvrir pleinement, à peine un mois et demi plus tard, les pluies ont fait déborder l’Alzette qui a inondé notre restaurant, sa salle et ses cuisines... Nous avons perdu une très grande partie de notre matériel et un peu de notre moral d’alors. Mais l’aide rapide des pouvoirs publics nous ont permis de mettre en route les travaux et d’envisager la réouverture à moyen terme... Même à un an de ma retraite supposée, il était de toute façon hors de question de partir sur un tel drame, ce n’est pas très samouraï!»

Le restaurant Kamakura sous les eaux, au lendemain des inondations du 14 juillet 2021. Le Premier ministre Xavier Bettel s’entretient avec Hajime Miyamae, à l’étage.  (Photo: SIP/Jean-Christophe Verhaegen)

Le restaurant Kamakura sous les eaux, au lendemain des inondations du 14 juillet 2021. Le Premier ministre Xavier Bettel s’entretient avec Hajime Miyamae, à l’étage.  (Photo: SIP/Jean-Christophe Verhaegen)

Et aujourd’hui, quel est votre état d’esprit, quelques semaines après votre réouverture?

«J’ai appris pendant les confinements à ne plus me poser de question. Je me sens reconnaissant d’avoir une tâche à effectuer chaque jour, un travail à accomplir avec la même envie qu’en 1988. C’était si pénible de n’avoir rien à faire pendant des mois... Je ne pense plus vraiment à demain, avoir dû casser et reconstruire m’a aussi offert un nouvel élan d’enthousiasme plus épicurien, et moins réfléchi. C’est tout de même incroyable d’avoir encore des challenges à mon âge!»

Quelles sont les nouveautés au Kamakura?

«Si le processus est encore en cours et que nous sommes en train d’apporter les dernières finitions, je suis déjà très enthousiaste quant à notre nouvelle salle et notre cuisine où nous avons tout remplacé. Nous avons dû user d’un peu d’huile de coude d’ailleurs pendant les congés collectifs, on s’en serait bien passé ! Mais je suis ravi de voir le résultat, avec ce grand mur végétal naturel qui me rappelle le vert des champs de thé et qui sera amené à évoluer avec les saisons... Ainsi que nos nouveaux luminaires, qui sont comme des entailles de sabres dans le plafond! J’ai eu la chance de rencontrer un expert en bâtiment après les dégâts, Loris Gubbini, avec qui nous nous sommes trouvés sur la même longueur d’ondes et qui nous a beaucoup aidé pour cette nouvelle version du restaurant.»

Aperçu du nouveau décor du Kamakura, en cours de finalisation, avec ses nouvelles assises, son grand mur végétal et ses luminaires acérés…  (Photo: Maison Moderne)

Aperçu du nouveau décor du Kamakura, en cours de finalisation, avec ses nouvelles assises, son grand mur végétal et ses luminaires acérés…  (Photo: Maison Moderne)

Et que peut-on vous souhaiter pour les mois à venir?

«De continuer chaque jour et de relancer comme il faut le Kamakura. Je suis aidé par ma belle-fille, qui amène un vrai souffle d’air frais ici. Je suis d’ailleurs également très reconnaissant et joyeux de voir la jeune génération promouvoir les arts culinaires japonais au Luxembourg avec succès! Et il faudrait vraiment que le Japon s’ouvre à ces talents internationaux, qui forgent leurs talents à travers le monde mais qui font aussi briller le savoir-faire nippon par la même occasion...»

Kamakura: 4, rue Munster, Luxembourg (Grund), T. 47 06 04

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