Une récession molle, suivie d’une reprise tout aussi molle…
En zone euro, la récession que nous prévoyions pour cet hiver pourrait s’avérer un peu plus légère que prévu, grâce à la baisse des prix de l’énergie par rapport aux niveaux de l’été dernier et à d’importantes mesures de relance budgétaire. De plus, un certain nombre de secteurs, comme la construction, ont encore d’énormes carnets de commandes, ce qui leur garantit une activité suffisante à court terme. Toutefois, les facteurs mêmes qui empêchent une récession profonde pourraient également freiner la reprise en 2023. En effet, le soutien budgétaire destiné à faire face aux prix élevés de l’énergie devrait diminuer au cours du second semestre de l’année prochaine, alors que l’énergie est appelée à rester chère.
Dans le même temps, le resserrement monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) limitera les secteurs les plus sensibles aux taux d’intérêt en 2023 et l’approvisionnement en énergie pourrait redevenir critique au cours de l’hiver 2023-2024.
L’inflation va baisser, mais l’objectif de 2% n’est pas encore en vue
Après 17 mois de hausse, l’inflation a commencé à baisser en novembre en zone euro. Nous pensons que cette tendance va se poursuivre, mais pas nécessairement tous les mois. En effet, l’inflation sous-jacente sera probablement plus difficile à maîtriser. Le début de l’année pourrait être marqué par d’importantes hausses de prix (comme c’est souvent le cas), renforcées cette fois par la répercussion des prix de l’énergie. La hausse des coûts salariaux exercera également une certaine pression à la hausse sur les prix des services.
Un retour difficile à l’orthodoxie budgétaire
La multitude de chocs survenus ces dernières années a contraint les gouvernements européens à fournir un soutien budgétaire quasi permanent, entraînant une détérioration importante des finances publiques. D’un côté, la faiblesse de la reprise pourrait accroître la pression exercée sur les gouvernements pour qu’ils intensifient encore les mesures de relance budgétaire. D’un autre côté, comme il est peu probable que la clause de sauvegarde (suspendant les règles budgétaires européennes) soit à nouveau activée pour 2024, les politiques budgétaires devraient progressivement être plus restrictives. C’est évidemment contradictoire!
La proposition de la Commission européenne d’introduire plus de flexibilité et de pratiquer une approche plus personnalisée et spécifique à chaque pays en matière de finances publiques fait sens dans ce contexte, mais elle sera considérée comme un assouplissement des règles par les États membres les plus orthodoxes dans cette matière. Des tensions pourraient donc apparaître, tant sur le plan politique que financier.