Norry Schneider coordonne, depuis 2015, la plateforme luxembourgeoise de Transition pour le CELL, le Centre for Ecological Learning Luxembourg. (Photo: DR)

Norry Schneider coordonne, depuis 2015, la plateforme luxembourgeoise de Transition pour le CELL, le Centre for Ecological Learning Luxembourg. (Photo: DR)

Avant le «10x6 Architecture: les nouvelles façons d’habiter l’espace» organisé par le Paperjam + Delano Club le mercredi 21 avril, l’un des orateurs, Norry Schneider (Centre for Ecological Learning Luxembourg – CELL) partage sa vision sur le logement, les façons de vivre et d’occuper l’espace.

Lors de ce 10x6, nous parlerons de nouveaux espaces habitables/de la réappropriation des espaces urbains. De quelles façons ces nouveaux espaces innovent-ils?

Norry Schneider. – «Dans la ville de demain, l’espace urbain est dé-privatisé et devient un ‘commun’. D’une part, il s’agit d’une question d’accès des citoyens à l’espace public comme un ‘bien commun’, une ressource à partager. Mais l’urbain commun sous-entend aussi une posture nouvelle, une revendication d’un droit d’être considéré comme acteur co-constructeur de la ville. La réappropriation de l’espace public ouvre les portes à un autre imaginaire, elle permet de dépoussiérer la ville, de ré-enchanter le bitume, et de mobiliser et optimiser les connaissances de chacun pour structurer l’intelligence collective. Cet urbanisme collaboratif ouvre le champ des possibles à des actions concrètes et positives, et permet de démontrer que tout le monde est capable d’agir, d’être créatif et d’exprimer des compétences: des citoyens qui créent leur potager, relocalisent l’économie, construisent différemment, créent des FabLab et réparent ce qui peut encore servir et fondent des coopératives énergétiques.

En 2020 et 2021, on parle de résilience: comment l’architecture a-t-elle pu être résiliente?

«La résilience ne viendra pas de l’architecture mais du tissu social. Le construit urbain n’est que la réponse matérialisée de la ville de demain que nous imaginons ensemble. Alors que, selon la définition usuelle, la résilience est la capacité de revenir à sa forme initiale après un choc, est-ce la définition la plus pertinente dans le cadre actuel? Est-ce que nous voulons que nos sociétés reviennent à leur état d’avant la crise? La résilience peut alors être pensée comme la capacité de questionner les limites, comme une manière d’évoluer en réponse à un choc pour améliorer la situation. Dans le contexte de la résilience urbaine, le Post Carbon Institute a dressé, en 2015, une liste de six principes fondamentaux importants pour renforcer efficacement la résilience des communautés: l’humain comme membre de cette communauté, la pensée systémique, l’adaptabilité, la transformabilité, la durabilité et le courage. L’architecture de demain devra donc s’imprégner de cette vision dynamique.

Si le Kirchberg était une feuille blanche, comment l’imagineriez-vous architecturalement aujourd’hui?

«Avec un équilibre entre l’habité et le fonctionnel, entre la taille humaine et le représentatif, entre le paysage qui jadis a existé aux portes du Gréngewald (qui est un poumon et une réserve d’eau) et sa vocation tournée vers le futur, entre le privé (ou le privatisé?) et le public, entre l’artificiel et la chlorophylle. La densification aurait pu être imaginée différemment, avec ces zones mixtes qui intègrent les fonctions d’un quartier vivant, laissant place à l’humain et à la nature, avec des commerces de proximité, avec ces structures sociales qui répondent aux besoins des habitants, avec des zones de calme sans pollution sonore ni lumineuse. Je partirais d’un principe de design permaculturel pour imaginer un quartier qui ne crée pas la plaie ouverte dans le paysage comme c’est malheureusement le cas aujourd’hui.»

Vous pouvez vous inscrire à l’événement «10x6 Architecture: les nouvelles façons d’habiter l’espace» .